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8/11/2019 Agro-Industrie Et Dveloppement Rural
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Roland POURTIER
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Gographe, Universit de Paris I
Agro-industrie et dveloppement ural
au Gabon : une contradiction ?
RSUM
Lagriculture gabonaise reste le point faible dune conomie domine par lextraction
minire. Longtemps laisse pour compte, elle n a t reconnue comme une priorit national
que depuis 1975 : les revenus ptroliers ont alors permis ltat dinvestir dans le secteur
agricole. Mais les investissements ont surtout bneyci lagro-industrie, au dtriment du
dveloppement rural et des cultures vivrires. Tandis que se mettent en place des projets
coteux et la rentabilit incertaine, lconomie paysanne, affaiblie par lexode des eunes
et handicape par lisolement des villages, nest toujours pas en mesure de rpondre aux
besoins du march urbain. Un obstacle majeur son dveloppement tient linorganisation
du commerce et des transports : cest leur amlioration - en particulier celle des routes
- que devrait aller, selon lauteur, la priorit des investissements.
ABSTRACT
In Gabon, agriculture remains the weakpoint of an economy based on mining. It has
been neglected for a long time and has been given priority on a national level only since
1975 : therefore, oil revenues allowed the state to make investments into the agricultural
sector. But investments were made mainly in agro-industry to the detriment of the rural
development andfood crops. While expensive and unprofttableprojects are under way, the
country economy which is weakened by the emigration of the Young population and the
distance between villages is still unable to meet the requirements of the urban market. Its
development is hampered mainly by the lack of organization in trade and transport. The
author think that investments should aim mainly at irnproving transport and especially
roads.
Dire que lagriculture gabonaise connat de srieuses difficults nest pas un
jugement polmique, mais un constat tabli par les autorits gabonaises elles-mmes
qui reconnaissent volontiers quelle est le talon dAchille dune conomie trop
exclusivement domine par lactivit extractive. Manganse, uranium, ptrole surtout,
ont transform lancienne colonie voue a lexploitation forestire en un de ces
eldorado brusquement entichi par lor noir. Au cours des dix dernires annes, leffet
ptrolier a boulevers lconomie et la socit. La croissance minire, lurbanisation
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moyens effectivement mis en uvre pour promouvoir une politique de dveloppement
-
et quelle politique ? Que recouvre cette Trolont dclare de dveloppement
agricole et rural ? comment largent du ptrole est-il utilis pour vivifier unsecteur dactivit jusqualors nglig sinon labandon ?
De grands projets ont vu le jour depuis 1975 ; des blocs de culture industrielle de
plusieurs milliers dhectares ont, ici et la, boulevers le paysage, mais le panorama de
lconomie villageoise na gure t touch par le progrs. En ralit, sous le label du
dveloppement de lagriculture cest lagro-industrie qui a fait une entre en force au
Gabon, tandis que les actions en faveur dune promotion de la paysannerie tardent
se mettre en place. A coup dinvestissements massifs, de technologie et dencadrement
trangers, des projets sortent de terre. Mais quadvient-il pendant ce temps du
paysan ? Les blocs industriels peuvent-ils constituer comme laffirme le discours
technocratique des noyaux dappui et de soutien pour la paysannerie ? Ou bien
sont-ils antinomiques dun dveloppement dans lequel les hommes, responsabiliss,
auraient la matrise de leurs actes ? La question nest pas neuve4. Ce qui est neuf cest
quelle se pose maintenant en terre gabonaise, et en termes particulirement forts tant
donn lenvironnement dmographique, culturel, conomique.
Un Plan Directeur Agricoles, premier document du genre, a fix en 1977 les
orientations dune politique agricole ; il nest pas sans intrt den voquer la philoso-
phie. Tirant les leons dchecs successifs en matire de dveloppement rural, le Plan
se veut rsolument novateur. Lloquence de lexpos des motifs dispense de longs
commentaires : A la diffrence de bien dautres pays, lobjectif sera moins daccrotre
de faon persvrante au ras du sol la productivit de ce qui subsiste des formes
traditionnelles dexploitation agricole que de construire les bases dune agriculture
faisant un large appel aux quipements et aux techniques dune agriculture moderne...
A cet gard, et au moins dans une premire phase, laction entreprendre doit
sarticuler autour dun certain nombre de plantations agro-industrielles, seules capa-
bles doffrir aux ruraux des emplois prsentant des caractristiques voisines de
lindustrie, aussi bien du point de vue de la nature et de lorganisation des tches
accomplir que des revenus et des modes de vie qui en dcoule& .
On ne saurait mieux nier la validit et lautonomie dune socit rurale, trks
affaiblie il est vrai, mais dont les ralisations agro-industrielles menacent dachever le
dmentellement. En prconisant une agriculture fixe, intensive, mcanise et sala-
riale , l Plan prend le contre-pied de lagriculture vivrire paysanne, et semble
renoncer au sauvetage dun monde rural en crise en optant pour le modle industriel
et le salariat gnralis. Il privilgie la grande entreprise capitaliste de mise en valeur
agricole, mme si le volet dveloppement rural nest pas totalement abandonn.
Les oprations au ras du sol , peu gratifiantes, comptent peu en comparaison des
investissements considrables consacrs aux grands projets dont la rentabilit cono-
*mique parat pourtant bien incertaine et la finalit sociale quivoque.
Les ralisations agro-industrielles, aprs des dbuts souvent difficiles dus la crise
financire qui affecta le Gabon en 1977-78, ont connu un succs ingal. Il serait
naturellement prmatur de porter un jugement dfinitif, la plupart dentre elles
nayant pas atteint leur vitesse de croisire. Une chose est certaine, elles ont bnfici
dinvestissements sans prcdent : le Troisime Plan (1976-81) prvoyait 45 milliards
pour le secteur agricole, contre moins de 2 milliards pour le Deuxime Plan (1971-75).
Lnorme diffrence est significative, plus encore que les chiffres qui nont quune
4. Cl: le colloque ORSTOM de Ouagadougou.
5. Plan Directeur AgricoIe Ministre de IAgricuhre. Libreville 1971,
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Les choix de modernit
valeur indicative et ne sont pas toujours dune interprtation facile. Il parat toutefois
assur quune cinquantaine de milliards de francs CFA ont t; nvesti dans lagricul-
ture depuis 1975, dont grosso modo les trois-quarts sur fond public. Pour lessentiel,
cette somme est alle aux oprations caractre industriel dont on peut essayer de
dresser le bilan aprs quelques annes dexercice.
LAGRO-INDUSTRIE : SES LIMITES ET SES PROBLMES
Une entreprisepionnire : la SOSUHO
La SOSUHO (Socit Sucrire du Haut Ogoou), premier complexe agro-indus-
trie1 implant au Gabon, est
ne
de leuphorie ptrolire de lanne 1975 conjugue
la crise speculative sur le sucre. La volont du Prsident Bongo de dvelopper sa
rgion natale a donn le coup de pouce et les travaux ont t rondement mens. La
plantation a introduit la rigoureuse gomtrie dune culture hautement mcanise sur
les savanes dsertes des plateaux situs au sud de la route Franceville-Moanda.
Toutefois les objectifs, 6 000 hectares de canne et 30 000 tonnes de sucre nont pu tre
atteints : lenvironnement naturel (sols pauvres, ensoleillement mdiocre) et le cot des
facteurs de production plus levs au Gabon que partout ailleurs en Afrique, ne
permettent pas de produire un prix de revient comptitif. La production plafonne
13 000 tonnes de sucre, pour prs de 3 000 hectares sous canne ; le march intrieur en
absorbe 8 000 tonnes, le reste est vendu sur les marchs extrieurs le plus souvent
perte. Lquilibre financier parat une gageure : usine surdimensionne, frais financiers
trs lourds pour un investissement qui slevait 17 milliards en 1981 et que supporte
pour une large part lEtat gabonais, principal actionnaire (51 %) et bailleur de fonds
(prt de 7,5 milliards lors de la constitution de la socit). Le groupe SOMDIAA assure
la matrise technique et lencadrement mais ne participe au capital qu hauteur de
9,5 % ; Elf-Gabon dtient 21 % des actions au titre de la PID (Provision pour investis-
sement diversifi).
Ltroitesse du march intrieur et le cot lev des facteurs de production
compromettent la russite de ce projet ambitieux. Les cots salariaux sont en particu-
lier trs levs par suite du niveau des salaires au Gabon et surtout de linsuffisance,
tant quantitative que qualitative de la main-doeuvre nationale : en 1981,en dpit dune
politique de gabonisation , on ne comptait encore que 530 Gabonais pour 750
salaris. Les expatris, 175 Africains, 40 Europens et 5 Mauriciens, reprsentent une
trs lourde charge salariale pour lentreprise. Enfin un handicap supplmentaire tient
aux dficiences des infrastructures de transport, dautant plus sensibles que la SO-
SUHO est loigne des principaux centres de consommation ou des ports dexporta-
tion. Au regard du dveloppement (outre la satisfaction de consommer gabo-
nais ) le bilan est-il positif ? Les retombes gionales proviennent pour lessentiel des
salaires verss quelque 500 Gabonais. Mais leur recrutement dans un environnement
trs dpeuple ne sest pas fait sans peine ; le processus de salarisation sest assorti
dune ponction des maigres forces de travail encore disponibles dans les villages du
Haut Ogoou, au dtriment de la production Viv&re.
La culture industrielle de bananesplantain :
exprienceoriginale mais choix douteux
Les difficults dapprovisionnement en vivres locaux sont prcisment lorigine
de la cration de bananeraies industrielles. La plus importante, situe Ntoum, 40 km
de Libreville, a t entreprise en 1978par la SATEC, pour le compte de lEtat gabonais.
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300 ha, devaient tre plants sur dfriche forestire, pour un cot initialement prvu
de 1,5 milliard. Mais lorsque lorganisme gouvernemental, la SONADECI, prit le
contrle de la plantation en 1980, a situation avait de quoi inquiter. La maladie des
raies noires (cercosporiose) touchait les 314 de la centaine dhectares alors plants.
Bien que le secteur de Ntoum reoive 2 400 mm deau, le dficit hydrique de 4 mois,
svre sur une tendue dcouverte, avait contraint a bricoler des amnagements
hydrauliques pour irriguer. La bananeraie aurait englouti prs de 3 milliards, pour
moins de cent hectares de bananiers : le gouvernement dcida darrter les frais et de
ne pas poursuivre Iextension dun projet aussi coteux.
Les dboires de la SATEC ne sont pas le plus grave : la culture industrielle du
plantain est une premire et elle a essuy les pltres : mais on peut penser que les
agronomes parviendront matriser la technique. En revanche, le projet ne va-t-il pas
lencontre des objectifs du dveloppement rural en instaurant une concurrence la
production paysanne ? Le march est en effet assez peu lastique et les producteurs
villageois risquaient de ne plus trouver preneur avec larrive de la banane de Ntoum,
et dtre privs dune de leurs principales rentres dargent. Les sommes considrables
dpenses Ntoum eussent t plus judicieusement employes amliorer le transport
et la commercialisation dont linsuffisance reste un des obstacles majeurs au dvelop-
pement de la production villageoise. Mais les grandes oprations offrent bien des
avantages leurs promotteurs... beaucoup plus que laide la paysannerie.
Lexprience peu concluante de Ntoum aurait pu rendre prudent. Pourtant, une
.
autre plantation dEtat, elle aussi ralise par la SATEC, le Projet vivrier et fruitier
de Franceville , a t implante Okoloville, dans une savane situe au nord de la
capitale du Haut-Ogoou. Cinquante hectares de plantain sont prvus, dont la moiti
plants en 1981, mais dj les mmes problmes se posent qu Ntoum : attaque des
cercosporia, cot de larrosage indispensable. Et la mme question revient : nest-il pas
plus utile daider les paysans - lesquels produisent un cot infiniment infrieur -
en facilitant la collecte de leur production, plutt que dentreprendre des projets
caractre exprimental qui en cas de russite rduiraient les possibilits de vente des
villageois ?
Un autre volet du projet Okoloville peut avoir en revanche des effets positifs. Il
sagit de la plantation de 80 ha darbres fruitiers, manguiers, agrumes, goyaviers, etc.
La production de fruits frais ou en conserve devrait trouver un dbouch local sans
porter concurrence une production paysanne a peu prs inexistante. En outre, sur le
modle du CIAM de Ntoum (Centre dIntroduction, dAdaptation et de Multiplication
de Matriel Vgtal Vivrier et Fruitier), il est prvu de distribuer des plants aux
villageois. Par la diffusion de larboriculture, le projet pourra contribuer au dvelop-
pement paysan , condition de trouver dans les villages une population rceptive. Le
fait quOkoloville ait t dot dune adduction deau et dlectricit est susceptible de
crer des conditions favorables, dans la mesure o le progrs en zone rurale diminue
lattraction urbaine.
Du poulet indt&riel dans CeHaut-Ogoou
Afin de rduire limportation de poulets, 1Etat gabonais, associ la SOMDIAA,
a cr en 1977 a SIAEB (Socit industrielle dagriculture et dlevage de Boumango)
avec pour objectif une production annuelle de 1,5 millions de poulets. Une plantation
de 2 500 ha doit tre mise en culture, principalement en mas pour assurer lalimenta-
tion de base des poulets. Le projet, retard par manque de financement, na rellement
dmarr quen 1981, avec apport en capital dElf-Gabon, COMILOG, des prts de la
Caisse Centrale de Coopration et du FED. Le cot du projet estim 4 milliards est
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Les choix de modernit
en effet lev. Les sols de savanes pauvres en bases changeables et trs acides (pH 4)
doivent tre srieusement amends : apport de chaux, dengrais, culture de soja dont
une partie est enfouie pour enrichir le sol en azote. Dans le mme environnement que
la SOSUHO, la socit connat les mmesproblmes de main-duvre ; une mcanisa-
tion intense limitera lemploi quelques 200 personnes dont 10 Europens. Son
enclavement gographique reprsente un srieux handicap : elle est situe dans un bout
dd monde, prs de la nouvelle sous-prfecture de Boumango, proximit de la
frontire congolaise, par consquent trs loigne des centres de consommation. Le
transport des poulets, conditionns sur place, risque de crer quelques soucis la
SIAEB lorsquelle sera oprationnelle, cest--dire en principe fin 1983.Toutefois dans
la mesure o elle est assure dun march protg, elle pourra couler sa production,
mme si les prix de vente ne sont pas comptitifs avec ceux des poulets dimportation.
En admettant que lentreprise parvienne lquilibre financier, elle contribuera
rduire limportation alimentaire, mais elle naura gure deffet dentranement local
etant donn son implantation dans une rgion pratiquement dserte.
Le programme viande : le ranching
La mme proccupation de rduction de la dpendance alimentaire a conduit
mettre sur pied un ambitieux programme viande. Si lon excepte quelques poignes de
bovins rescapsde troupeaux jadis introduits par les services de llevage, le gros btail
est peu prs absent du Gabon. Le manque de pturage sous fort et la trypanosomiase
en sont largement responsables. En revanche les savanes de la Nyanga OU du
Haut-Ogoou apparaissent propices pour llevage extensif de races trypanotolrantes.
Une premire tentative initie au lendemain de lindpendance stait solde par un
chec : le troupeau de la SOGEL (Socit gabonaise dlevage) fondit au soleil de la
Nyanga par suite dune mauvaise gestion. Nonobstant ce prcdent fcheux, le Gabon
vient dentreprendre un important programme dlevage bovin que justifie une
consommation de viande sans cesse croissante par suite de lurbanisation et de la
salarisation de la socit. Les importations de viande ont en effet quintupl en peine
sept ans. En 1980, les seules provenances hors UDEAC ont reprsent plus de ,
6 000 tonnes de viande bovine (sur un total import estim 10-12000 tonnes) et prs
de 3 milliards de francs.
La mise en uvre du projet, financ pour lessentiel par lEtat sur ses fonds
propres et divers prts extrieurs, a t confie la socit Agrogabon (Socit de
Dveloppement de lAgriculture et de 1Elevage au Gabon) cre en 1977 avec pour
double objectif limplantation de ranchs et le dveloppement du palmier huile.
Linitiative en revient pour le volet levage la compagnie J. Van Lancker forte de son
exprience au Zare, et pour le volet palmier SOCFINCO, socit dtudes reprsen-
tant les intrts des groupes belges SOCFIN (Socit Financire des Caoutchoucs) et
HVA (Vereinigte HVA Maatschappijen NV). Lopration comprend deux immenses
ranchs situs dans les savanes de la Nyanga et de la Lekabi (nord-ouest de Franceville)
avec des primtres respectifs de 89 400 et de 66 700 hectares. Les premires btes, des
ndama, furent rceptionnes durant lt 1981, en provenance du Sngal, de Gambie,
du Zare. Fin 1982, 4 000 ttes taient en place pour un programmme qui prvoit un
troupeau de 42 000 units en effectif
de
croisire partir de 1992.
Si
le projet russit,
une tape importante aura t franchie pour limiter limportation de viande. La
production ne couvrira cependant que le dixime des besoins nationaux ; pour les
couvrir, il faudrait un troupeau de 300 000 ttes. A cette fin, Agrogabon a prvu la
livraison, aprs constitution de son troupeau, de genisses devant permettre datteindre
ce chiffre au bout de vingt-cinq ans. Mais ceci est une autre histoire... Dans limmdiat
bien des problmes se posent pour le dmarrage des ranchs, en particulier le toujours
delicat problme de la main-doeuvre (lemploi prvu est de 550 personnes). On ne
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Agro-industrie et dveloppement rural (Gabon)
WOLEU-RITEM
POR
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100m
simprovise pas leveur : en mme temps que les animaux il a fallu faire venir du
personnel comptent : pour le premier contingent livr au ranch de la Nyanga on
comptait 13 Sngalais et 6 Zarois, pour 12 Gabonais en formation. Assurment la
question de la formation sera dcisive pour la russite du projet. Des efforts en ce sens
ont t raliss depuis 1971 avec la cration dun Office gabonais de production de
viande (OGAPROV) sous Ygide du ministre de lagriculture. Un petit ranch
caractre exprimental a t install Okouma, dans le Haut-Ogoou. La formation de
bouviers y a t prouve avec quelques succs, mais sur une chelle bien trop petite
pour rpondre aux besoins venir du Gabon. Il faudra une action de longue haleine
et un rel suivi des oprations pour que les Gabonais acquirent la matrise de
llevage ; pendant des annes au moins, les ranchs, derrire leurs cltures de barbels,
resteront des corps trangers.
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Les choix de modernit
LES CULTURES INDUSTRIELLES DEXPORTATION
.
Les projets envisags usquici ont pour finalit premire la couverture du march
intrieur. Il nen est pas de mme des plantations de palmier huile et dhva dont
les productions sont destines pour lessentiel ou en totalit lexportation. Une
opration de grande envergure a t lance par Agrogabon, visant produire
50 000 tonnes dhuile sur une plantation de 15 000 hectares situe prs de Lambarn.
Une premire tranche de 6 000 hectares est en voie dachvement ; Iextension du
projet dpendra des premiers rsultats, de lenvironnement international et des capaci-
ts de financement du Gabon : linvestissement pour la premire tranche est estim
13 milliards, pour lessentiel supports par le budget de 1Etat. La plantation ne
manque sans doute pas datouts : lenvironnement nature1 est considr comme
particulirement palmophile . Toutefois faut-il rappeler que deux palmeraies des
annes 1960 - la principale, Palmhva du groupe Unilever a t reprise par
Agrogabon - nont pas connu un grand succs ? Les promotteurs du projet misent sur
une meilleure conduite de la plantation et sur une mcanisation poussepermettant de
rduire dun tiers les besoins normaux en main-doeuvre ; pour les 6 000 hectares
en cours dinstallation, lemploi est de 750 salaris, dont la moiti de femmes (recher-
ches parce quelles travaillent mieux ). 11est possible que lentreprise enregistre de
bons rsultats sous condition que les cours de lhuile restent levs. Mais ce nest
certainement pas cela qui rsoudra Ie problme alimentaire.
Lautre projet de culture industrielle est constitu par une plantation dhva en
cours de cration au nord-ouest de Mitzic. II sagit dHevegab, Socit de dveloppe-
ment de lhvaculture au Gabon, constitue en 1981 la suite dtudes menes par le
GIE SODECI-Terre Rouges . Le projet initalement prvu pour 10 000 hectares a t
ramen 3 300 pour des raisons financires au risque den compromettre la rentabilit.
Ltat gabonais, actionnaire 90 %, apporte le tiers dun financement estim
15 milliards, les deux tiers restant provenant demprunts extrieurs, notamment auprs
de la CCCE, de la BAD, du FED et du FAC. Selon ltude de factibilit, lintrt de
ce projet rside principalement dans les effets socio-conomiques induits pour la
rgion de Mitzic et les progrs quil assure lagriculture gabonaise . Les effets sans
aucun doute seront importants puisque les emplois crs, 1 300, devraient entraner
linstallation sur la plantation denviron 5 000 personnes, pour une population du
dpartement de lOkano de lordre de 11000.
L encore le projet reprsente une ponction considrable de la force de travail
rgionale, peut-tre au-del de ses capacits. Mais les promotteurs ont prvu lobstacle
ventuel car, rappellent-ils, la Guine quatoriale... offre un rservoir important dans
le cas o les Gabonais se rvleraient en nombre insuffisant . Les habitants des
villages proches de la plantation devraient tre incits accrotre leur production pour
approvisionner les salaris de lentreprise. Mais il est aussi prvu que les espaces
impropres lhva lintrieur du primtre dHvgab seront laisss la disposition
des femmes des employs de la socit pour y faire des cultures vivrires : le degr
dautonomie de la plantation dterminera en partie son impact local.
Au terme de ce rapide tour dhorizon, il apparat que lensemble des projets ont
une forte parent. Ils sinscrivent dans la logique du systme dexploitation conomi-
que dominant au Gabon : exploitation des ressourcesplus que promotion des hommes.
Ils sinspirent du modle industriel qui transforme les personnes en facteurs de
production , dont on sefforce de limiter le cot par une mcanisation aussi
pousse que possible. Fortement capitalistiques, ils intgrent des technologies souvent
complexes recqurant tout le moins une importante assistance echnique . Ils sont
le terrain privilgi dintervention des multinationales de lagrobusiness ou des socits
de dveloppement, SOMDIAA, SOCFIN, SODECI, SATEC. Derrire ces sigles on
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Agro-industrie et dveloppement rural {Gabon)
trouve une mme famille dhommes, lis aux technostructures de lagronomie et
passions par la cration, sans doute plus que par le dveloppement. Avec ses espaces
vides et ses ressources financires, le Gabon est devenu un merveilleux terrain
aventure o exercer leur savoir-faire.
Aprs la fort et la mine est-ce une nouvelle dimension de lexploitation capita-
liste ? La plantation continue le processus de mise au travail . Les normes du travail,
ses catgories, son temps rgl, fractionn, ses hirarchies investissent des espaces
offerts des dmiurges venus dailleurs, qui, forts de leur suprmatie technique,
trouvent dans le dveloppement un prcieux alibi pour appliquer leur esprit
dentreprise. Sans doute, lEtat gabonais est-il matre dceuvre de ces projets ns grce
la manne ptrolire, et la classe politique y trouve son compte. Mais, vu den bas,
quen est-il ? Mens terme, les projets agro-industriels devraient crer quelque
5 000 emplois. Cela reprsente un important transfert vers le salariat et une accentua-
tion de lexode villageois : dans le contexte gabonais le prlvement est lev et ne peut
que renforcer un vieillissement dja proccupant de la population des villages. Prive
dune grande part de sa force de travail, lconomie villageoise risque de ne pas pouvoir
bnficier des effets induits, de ne pas tre en mesure de dgager des surplus vivriers
pour la vente. Paralllement, les salaris feront de moins en moins appel pour leur
alimentation aux productions locales - par la force des choses et parce que leur
condition de salari entrane une volution des comportements alimentaires. La
plantation apparat ainsi antagoniste dun dveloppement de lconomie villageoise
dans lenvironnement sous-peupl caractristique du Gabon.
LES CULTURES PAYSANNES DEXPORTATION ET LA NOUVELLE POLZTZQUE
DES a BLOC3 J>
Avant lapparition des units agro-industrielles, caf et surtout cacao reprsen-
taient lessentiel des cultures dexportation. Il sagit dune culture paysanne introduite
durant la priode coloniale et qui a connu un certain succs dans le Woleu-Ntem6.
Mais depuis quelques annes ces cultures connaissent de graves difficults lies au
dpart des eunes, aux dficiences de la commercialisation, au manque de soutien des
pouvoirs publics. La production de cacao, aprs avoir atteint un maximum de
5 500 tonnes en 1974 a chut moins de 4 000 tonnes. Celle de caf qui dpassait
1 000 tonnes au dbut des annes soixante tait tombe 300 tonnes en 1976 ; depuis
on assiste une certaine relance favorise par une nette remonte du prix dachat au
producteur : 750 tonnes en 19807.
Face cette situation proccupante, les pouvoirs publics ont rcemment entrepris
de mener une double action, au plan de la commercialisation et de la production.
Depuis 1979 e monopole de la commercialisation du cacao a t confi la Caisse
cacao , organisme relevant de la Direction gnrale des Caisses de Stabilisation et de
Prquation. Non sans rsistances, la Caisse sest substitue au commerce libre, a
supprim le systme raditionnel des clerks, tabli des marchs (30 au Woleu-Ntem) o
les producteurs vendent sans intermdiaires. Toutes les oprations, y compris le
transport, sont contrles par la Caisse, depuis les marchs jusquaux centres de
conditionnement et lentrept de Libreville. Agissant comme service public, la Caisse
6. G.
SAUTTER
:Le cacao dans conomie rurale du Woleu-Ntem.Bull. ht. Et. Centrafticaine NS no I, 1950.
7. B.
BACHELIER
et J.M. LEBIGRE La caficulture au Gabon. Revue gabonaise CM pl.. wn. et jur. no
9, 1981.
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Les choix de modernit
a pu reprendre la collecte dans des secteurs ngligs par le commerce priv parce que
difficile daccs et non rentables. De mme la cration dune Caisse Caf a permis
de ranimer la culture villageoise dans des secteurs plus ou moins abandonns faute
dun coulement des produits. Lopration nest pas rentable dun strict point de vue
conomique, mais elle se ustifie en terme social et politique en sefforant de maintenir
un minimum dactivit dans les rgions enclaves de 1Ogoou Ivindo ou de 1Ogoou
Lolo.
Tandis que dans le Woleu-Mtem les pouvoirs publics ont concentr leur action sur
la commercialisation, laissant aux paysans riches dune dj longue exprience le soin
de produire (avec le soutien dexperts, en particulier du BDPA), ils ont opt dans les
rgions de peuplement faible et dispers pour des oprations concentres : cest la
nouvelle politique des blocs . Ces blocs qui sont en fait de petites units agro-
industrielles, doivent constituer le pivot d oprations zonales intgres (OZI).
Lide nen est pas nouvelle : un certain nombre de projets reprennent dailleurs des
oprations qui ont un long pass et un lourd passif telles que lopration arachide
Lebamba ou palmier huile Moabi. Mais elle revt un caractre plus systmatique
et inaugure en matire de caf et de cacao.
Dans la rgion de Koulamoutou, prs du viIlage de Ndjol, un bloc cacao est en
cours de ralisation sur 250 hectares. 11 est mis en ceuvre par la SONADECI avec
lappui technique de lIFCC et sur financement de ltat. Le cot de constitution de
la plantation et de construction dune usine de schageest valu 1,s milliard, somme
importante pour la cration dune soixantaine de postes de travail et une production
attendue de 375 tonnes de cacao. Manifestement, le projet ne vise pas une rentabilit
conomique ; il participe dune politique de rpartition rgionale des bnfices
ptroliers qui permettra de distribuer quelques salaires dans une rgion isole, coupe
des grands centres dactivit. Le but recherch est de maintenir sur place une popula-
tion saigne par lexode rural : le projet tire sa ustification dune volont damnage-
ment du territoire, dendiguement de la dsertification.
A linstar du
cacao,
deux blocs-caf sont prvus, lun dans le Haut-Ogoou, lautre
dans logoou Ivindo. Ils devraient servir de point dappui au dveloppement zona1
integr. Mais quels effets dentranement peut-on en esprer dans des rgions dmo-
graphiquement affaiblies ? Les blocs peuvent-ils tre autre chose que des enclaves
dactivit, artificiellement entretenue et sans prise sur un environnement trop inconsis-
tant ? Quel que soit le type dopration entreprise, se dresse lobstacle du sous-peuplement.
Production vivrire et problme de la commercialisation
En comparaison des multiples projets agricoles qui ont vu le jour ces dernires
annes, le secteur vivrier traditionnel fait figure de parent pauvre. Sa stagnation tient
en partie aux dficiences de la commercialisation
: bien des villageois rglent le niveau
de leur production sur les seuls besoins de lautoconsommation dans lincertitude de
pouvoir couler des surplus. Lindigence du commerce perptue un systme de
sous-production. Maints exemples montrent quil existe un potentiel productif inex-
ploit dans les villages que lexode rural na pas trop affaiblis. Aucune restriction
foncire ne limite la production, la question centrale tant celle du travail : condition
que lcoulement des produits agricoles soit garanti, les producteurs se rvlent
capables dtendre leurs plantations. Les villages ayant pass un abonnement avec
un chantier forestier, par exemple, ont donn la preuve de leur capacit produire
regulirement des surplus pour la vente. Il ne fait pas de doute que lassurance de
vendre mobilise un travail dormant et accrot la production sans que soit mme
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ncessaire un progrs technique. Malheureusement les villageois ont t chaud trop
souvent par de vaines promesses
; combien nont-ils vu pourrir des tas de btons de
manioc au bord dune piste dans la vaine attente dun vhicule ? Cest l le meilleur
moyen de dcourager les villageois, de faire stagner la production.
Nous considrons pourtant que dans ltat actuel des choses, et en tenant compte
de lhmorragie dmographique au niveau du village, la production vivrire potentielle
serait suffisante pour satisfaire la clientle urbaine. Autrement dit, les difficults
alimentaires priodiques proviennent avant tout dune mauvaise articulation ville-
campagne et par consquent dune organisation dfectueuse du commerce et des
transports, Plusieurs facteurs contribuent expliquer une situation aussi domageable
aux consommateurs quaux producteurs. La dispersion de la population rurale et la
mdiocrit des liaisons routires entravent le dveloppement du commerce. Couvrir de
longues distances sur de mauvaises pistes pour ne charger quun camion nintresse pas
les grands commerpants, surtout en saison des pluies o chaque dplacement est
aventureux. Les choses se compliquent encore du fait que les productions de base,
manioc et banane plantain nont quune courte dure de conservation, ce qui impose
des enlvements rguliers et frquents. La collecte et le transport des produits
prissables constituent un des principaux goulots dtranglement de la production
vivrire.
Les pouvoirs publics avaient en leur temps tent de rationaliser la commercialisa-
tion en la confiant un organisme dtat, lONCA (Office national de commercialisa-
tion agricole). Mais cet organisme a connu le sort des institutions similaires qui ont vu
le jour dans de nombreux pays africains aprs lindpendance. Il na pas survcu
lincomptence conjugue la corruption et les paysans en ont gard un fort mauvais
souvenir. Ltat nintervient plus dans le secteur vivrier sauf pour de rares oprations
ponctuelles dans le cadre des OZI. Lune delle tend assurer lapprovisionnement
toujours problmatique de Port-Gentil : les vivres locaux doivent emprunter la voie
fluviale depuis les secteurs de production du Feman Vaz ou du delta de logoou.
Ltude en a t ralise en 1980par Euroconsult : le Projet de dveloppement intgr
dans les rgions du Feman Vaz et de la basse valle de lOgoou envisage un vaste
programme afin de vivifier la production vivrire et dorganiser une commercialisation
caractrise usqualors par son irrgularit, sa disparit, son manque de structure .
Le programme doit tre mis en uvre par la SONADECI ; il apparat aussi coteux
quambitieux car il concerne lensemble des aspects socio-conomiques de la vie
villageoise. Trop ambitieux peut-tre : ne serait-il pas plus efficace de concentrer les
efforts sur lamnagement des transports, condition sine qua non pour rveiller une
production dormante ?
LE TRANSPORT, CL DU DVELOPPEMENT AGRICOLE
Alors que de nombreuses oprations de dveloppement agricole, units
agro-industrielles, blocs, oprations zonales intgres, voient le jour grce au soutien
des revenus ptroliers et par le jeu conjoint des pouvoirs publics, des bureaux dtudes,
des officines de dveloppement et de lagrobusiness, la base, producteurs et commer-
ants tiennent un langage simple qui pourrait se rsumer ainsi : faites-nous un bon
transport, nous nous chargeons du reste .
Proposition nave, illusoire ? Des expriences passeset prsentes montrent que
la rside la question dterminante au regard de la production paysanne. En donnant
la parole aux paysans on se rendra compte quil y a dautres voies au dveloppement
que celle qui consiste faire deux des assists ou des proltaires sous prtexte
dharmoniser leurs conditions de vie avec celles des citadins. Une commercialisation
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Sur ce plan, les rsultats sont ingaux et les priorits ne correspondent pas
forcment a la rationalit conomique. Lamlioration du rseau routier est ncontesta-
ble en comparaison de la situation lgue lindpendance ; des ponts ont remplac
la plupart des bacs qui entravaient la circulation, mais il reste encore bien des tronons
difficiles ou impraticables en saison des pluies. Et puis en milieu quatorial la route
doit faire Yobjet dun entretien permanent, faute de quoi elle se dgrade trs rapide-
ment. Force est de constater malheureusement que les Travaux Publics, responsables
de cet entretien, ne sont pas la hauteur de leur mission. Linefficacit de cette
administration qui semble davantage proccupe de conclure des marchs avec des
entreprises routires que dentretenir le rseau est particulirement domageable
lconomie dans son ensemble et au dveloppement rural en particulier. Villageois,
commerants, transporteurs lunisson nont quune dolance : la route. Cest bien l
que rside la condition sine qua non dun dveloppement qui permettrait aux acteurs
socio-conomiques de rcuprer linitiative et lagriculture paysanne de sortir du
ghetto dans lequel le maintient un trop fort isolement.
LHOMME : FACTEUR DE PRODUCTION OU ACTEUR DU DVELOPPEMENT?
Linitiative, voil le grand mot. Un mot qui renvoie aux thses sur le dveloppe-
ment autocentr. Or la nouvelle politique agricole gabonaise en prend manifestement
le contre-pied. Lagro-industrie renforce lemprise du capitalisme international et
exerce des effets pervers sur le dveloppement rural en rduisant lhomme un simple
facteur de production, proltaris, dpossdde toute initiative, et en privant lcono-
mie villageoise dune part de sa force de travail.
Sil est vrai que certains projets contribueront rduire la dpendance alimentaire,
il est non moins vrai que la production vivrire de base reste nglige alors que cest
elle qui devrait tre la priorit des priorits . Mais il semble que les responsables de
Iagriculture aient renonc aux efforts ncessairespour stimuler lconomie paysanne,
quils se retranchent derrire le postulat dune incapacit congnitale du paysan
voluer. En optant pour des oprations spectaculaires, mais dont on na pas la matrise
technique, on cre des isolats dactivits dans certains cas artificiellement entretenues
par les revenus ptroliers et on dresponsabilise les hommes en les transformant en
manuvres encadrs par des trangers. Sous prtexte que les villageois ont besoin
dargent - et ce besoin est bien rel - on les dpossde de linitiative. 11 existe
pourtant une autre voie, plus conforme au dveloppement rural : celle qui consiste
donner aux paysans les moyens dentrer dans Iconomie de march : la condition
premire rside dans lorganisation rgulire de la commercialisation des denres
agricoles, et en dernier ressort de lamlioration imprative du rseau de transport,
Cest ce prix seulement que le Gabon peut esprer rapprocher le village de la ville,
mettre un terme une hmorragie rurale qui au-del& dun certain seuil compromettrait
tout effort de progrs.
.
Le Gabon en a les moyens. Encore faut-il les utiliser judicieusement : les milliards
engloutis dans lconomie de plantation seraient certainement plus utiles au dvelop-
pement sils taient investis dans la cration des infrastructures indispensables
louverture sur le march des produits de lactivit paysanne. Sans cela il ny a gure
de possibilit que le paysan devienne un vritable acteur du dveloppement.
Les valeurs sont donnesen rancs CFA {un franc CFA vaut O,O.?rancs franais}.
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