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PROGRAMA DEL RECITAL DE MUSICA FRANCESA EN LAREDO ORGANIZADA POR LA ESCUELA OFICIAL DE IDIOMAS
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La ESCUELA OFICIAL DE IDIOMAS DE LAREDO
presenta
TALLER-CONCIERTO CANCIÓN FRANCESA CON
VICENTE ESPÍ
Hora: 19:30h
Día: Miércoles, 5 de mayo de 2010
Lugar: Casa de Cultura Doctor Velasco, LAREDO
Organiza: Patrocina:
Concejalía de Cultura
Excmo Ayuntamiento de Laredo
2
La Escuela Oficial de Idiomas de Laredo le da la bienvenida
y agradece su asistencia en al taller-concierto a cargo del cantautor
Vicente Espí, que hará un recorrido a lo largo de los títulos más
emblemáticos y representativos de la canción francesa.
La EOI de Laredo desea, asimismo, agradecer al Excmo
Ayuntamiento de Laredo, a través de su Concejalía de Cultura, su
colaboración en la organización de este evento, enmarcado en los
actos de la Primavera Cultural 2010.
Animamos a todos a la participación activa en el desarrollo
del concierto
Bonne soirée!
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Entretien avec Vicente Espí
Te voilà de retour. Nostalgie du contact avec un public ? Nouvelle étape ? Le bon moment
pédagogique pour revenir… ? *
Vicente Espí : - C’est vrai que c’est retour mais pas complètement puisque je n’ai jamais arrêté
d’aller dans certains établissements parce qu’ils m’appelaient de leur propre initiative. Nouvelle
étape oui, parce que l’âge ne pardonnant pas, je me retrouve à la soixantaine à dépoussiérer des
textes du « néolithique », qui sont d’une actualité absolue.
Le bon moment…, sait–on jamais ? Je vais refaire l’activité parce que je l’aime et qu’en ce
moment je suis libre d’autres tâches qui étaient incompatibles avec le libre mouvement requis
par les ateliers/concerts.
Tu « grattes ta guitare ». Pourquoi avoir choisi la guitare sèche ? Joues-tu d’autres instruments ?
Aurais-tu aimé jouer d’un instrument particulier ?
Vicente Espí : - La guitare « sèche », je m’en aperçois en t’écoutant, est un qualificatif peu
heureux et dans le fond inapproprié puisque dans son état naturel, la guitare a le meilleur son.
Tout ce qu’on ajoute pour la rendre plus « quoi que ce soit », ne rajoute pas grand chose,
hormis une bonne amplification pour la faire entendre à des multitudes. La guitare est un bon
choix pour tous ceux qui ayant des inquiétudes musicales, aiment aussi l’immédiat, le « à portée
de main ». On peut mal jouer, on joue quand même. Une guitare, ça change une atmosphère en
un mouvement. Je joue de quelques autres instruments simples. Ça me fait mourir d’envie,
quand j’entends quelqu’un jouer, bien jouer, d’un instrument, tous les instruments. Les plus
grosses envies seraient pour le piano, le violoncelle, la contrebasse, le violon et les saxos.
Qu’as-tu ressenti avant de chanter pour la première fois les textes des « monstres sacrés » ?
Respect ? Peur ?...
Vicente Espí : - Heureusement pour moi j’étais assez innocent à mes débuts, donc je n’étais pas
très conscient de ce que je faisais, parce que simplement heureux de ma « communion ». Après,
j’ai rencontré des gens qui étaient très respectueux et qui m’ont fait prendre conscience d’une
certaine responsabilité. L’essentiel étant de faire suivre le « message » des auteurs, je n’ai jamais
pensé à une qualité minimum. Je crois que tous ceux qui ont écrit quelque chose sont heureux
simplement de savoir qu’on relit leurs textes, et si c’est avec de la musique …tant mieux !
Beaucoup de nos élèves ne connaissaient pas – les plus jeunes, logiquement - les noms des
chanteurs choisis, crois-tu que ces derniers représentent des incontournables de la culture
francophone ? Nous apportent-ils toujours quelque chose ?
Vicente Espí : - C’est le résultat de notre façon « moderne » de voir la culture. Il y a tellement
d’info sous la main qu’on ne peut que faire une sélection. Les « classiques » sont peu visités et
pas seulement dans la chanson ou la poésie. Je suis mal placé pour émettre une opinion là-
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dessus puisque complètement mordu. Les chansons choisies, de toute façon, montraient une
réalité il y a quarante ans et continuent à la montrer aujourd’hui, d’où leur « classicisme ».
Parmi les commentaires que nous avons recueillis, avant le récital, on a entendu : « les chansons
françaises sont toujours tristes, pessimistes, déprimantes, voire ennuyeuses ». As-tu tendance à
choisir les thèmes les plus « graves » ? Ces thèmes sont-ils récurrents dans une certaine chanson
française ou universels ?
Vicente Espí : - A tous ceux qui ont ce genre de pensées je demanderais de réviser les textes
Bob Dylan, Paul Simon, Paolo Conte, Serrat, Sabina, Llach, Bruce Springsteen, Leonard Cohen,
Joni Mitchell et un long etcetera qui ne sont pas particulièrement français et pourtant reconnus
« importants ».
Je ne suis pas particulièrement attiré par la « gravité », mais plutôt par le « poids » et par l’effet
que peut avoir le texte du point de vue émotionnel et didactique. Aussi, et c’est très important,
je suis limité par mes possibilités musicales et vocales. La première partie répond à la fin de ta
question.
Te crois-tu démodé ?
Vicente Espí : - Tout à fait. Et m’en vante. Si ce que je fais avait quelque chose à voir avec une
mode, j’aurais du mal à me regarder dans les miroirs.
Retrouve-t-on chez les chanteurs actuels une tradition, un style, héritage direct d’un Brassens, d’un
Brel…
Vicente Espí : - Je ne saurais pas le dire… par méconnaissance. Par contre, j’ai lu, lors des
éditions d’anniversaire de plusieurs publications, le respect et les signes de « filiation » de
beaucoup d’artistes actuels envers les classiques, qui montrent une connaissance et une
reconnaissance de leur dû à leurs aïeux. Ça dit ce que ça dit.
Tu as chanté Barbara. Est-ce plus difficile pour toi d’exprimer les sentiments d’une femme ?
Vicente Espí : - Pas du tout. Même si, en tant qu’homme, j’ai été éduqué, avec les meilleures
intentions, avec des teintes machistes, j’ai eu le temps, ou la chance, de rencontrer dans ma vie
les situations, les personnes, les textes et les musiques qui m’ont fait partager le féminin. De
toute façon, en plus que femme, Barbara était un être privilégié, pour ne pas employer le terme
« supérieur ».
Certains prétendent que telle langue ou telle autre s’adapte mieux à certains thèmes ? As-tu cette
perception, toi qui peux – ce qui n’est pas donné à tout le monde - chanter en français, en
espagnol, en valencien, en anglais…
Vicente Espí : - Là aussi, je manque de références mais, pour autant que je sache, ce préjugé n’a
aucun fondement. Pour ceux qui auraient des doutes, prière de réécouter ou découvrir le monde
des sentiments à travers des voix de Maria Bethania, Caetano Veloso, Elis Regina, Chico Buarque,
Edu Lobo ou Dulce Pontes, (portugais) ; Faut-il nommer les mille et un italiens ; les
catalano/valenciens/majorquins comme Serrat, Luis Llach, Ovidi Montllor, Mª del Mar Bonet
pour ne s’en tenir qu’aux plus connues, les centaines de voix anglophones qui nous ont fait
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soupirer. Udo Jürgen même, fut pain béni pour les cardiologues, et ce, en allemand, réputé
comme langue juste bonne à s’adresser à des classes inférieures, (et je ne veux nommer
personne).
De toute façon. On a l’impression que tu « t’éclates » en présentant et en expliquant ces
chansons… et l’assistance te suit, quelle que soit la langue. Le jeu en vaut la chandelle ?
Vicente Espí : - Tout à fait et j’espère que ma véhémence n’est pas devenue ennuyeuse. En fait,
s’il est vrai que j’aime chanter leurs chansons, je crois que j’aime encore plus avoir la sensation
d’avoir exprimé ce que je comprends dans chacune de leurs œuvres.
Il y a eu, en ce lundi 17 décembre des moments « intimes », où des personnes du public, qui te
connaissaient, sont venues te rappeler des souvenirs… Emouvant, non ?
Vicente Espí : - Emouvant et alarmant à la fois. Comme tout dans la vie, deux côtés à regarder.
D’une part, la satisfaction d’apprendre que l’on est responsable, tant soit peu, du penchant pris
par un tel ou une telle dans la poursuite d’une découverte. De l’autre, se rendre compte que ça
se passait il y a vingt et quelques années. Ça ne rajeunit pas son homme…
Quand tu reviendras nous voir, très bientôt, espérons-le, y aura-t-il d’autres « grands » à ton
répertoire ?
Vicente Espí : - Je ne peux promettre que d’approfondir dans les auteurs que je vénère à
présent et le plus tôt sera le mieux.
Merci encore, Vicent, pour ce cadeau de fin d’année.
Vicente Espí : - Merci à vous pour l’opportunité d’exploiter mon petit amour sur le sujet.
* Propos recueillis par C. Sigal pour EOI !
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Cécile (Claude Nougaro)
Elle voulait un enfant
Moi je n'en voulais pas
Mais il lui fut pourtant facile
Avec ses arguments
De te faire un papa
Cécile, ma fille
Quand son ventre fut rond
En riant aux éclats
Elle me dit: "Allons, jubile
Ce sera un garçon"
Et te voilà
Cécile, ma fille
Et te voilà et me voici, moi
Moi, j'ai trente ans, toi, six mois
On est nez à nez, les yeux dans les yeux
Quel est le plus étonné des deux?
Bien avant que je t'aie
De filles j'en avais eues
Jouant mon cœur à... face ou pile
De la brune gagnée
A la blonde perdue
Cécile, ma fille
Et je sais que bientôt
Toi aussi tu auras
Des idées et puis des idylles
Des mots doux sur tes hauts
Et des mains sur tes bas
Cécile, ma fille
Moi, je t'attendrai toute la nuit
T'entendrai rentrer sans bruit
Mais au matin c'est moi qui rougirai
Devant tes yeux plus clairs que jamais
Que toujours on te touche
Comme moi maintenant
Comme mon souffle sur tes cils
Mon baiser sur ta bouche
Dans ton sommeil d'enfant
Cécile, ma fille
Cécile
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Chanson des vieux amants (Jacques Brel)
Bien sûr, nous eûmes des orages Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol Mille fois tu pris ton bagage Mille fois je pris mon envol Et chaque meuble se souvient Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes Plus rien ne ressemblait à rien Tu avais perdu le goût de l'eau Et moi celui de la conquête Mais mon amour Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'à la fin du jour Je t'aime encore, tu sais, je t'aime Moi, je sais tous tes sortilèges Tu sais tous mes envoûtements Tu m'as gardé de pièges en pièges Je t'ai perdue de temps en temps Bien sûr tu pris quelques amants Il fallait bien passer le temps Il faut bien que le corps exulte Finalement, finalement Il nous fallut bien du talent Pour être vieux sans être adultes
Oh, mon amour Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'à la fin du jour Je t'aime encore, tu sais, je t'aime Et plus le temps nous fait cortège Et plus le temps nous fait tourment Mais n'est-ce pas le pire piège Que vivre en paix pour des amants Bien sûr tu pleures un peu moins tôt Je me déchire un peu plus tard Nous protégeons moins nos mystères On laisse moins faire le hasard On se méfie du fil de l'eau Mais c'est toujours la tendre guerre Oh, mon amour... Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'à la fin du jour Je t'aime encore, tu sais, je t'aime.
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Je me suis fait tout petit (Georges Brassens)
Je n'avais jamais ôté mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand ell' me sonne
J'étais chien méchant, ell' me fait
manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d'loup, je les ai
changées
Pour des quenottes
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui fait Maman quand on la touche
J'était dur à cuire, ell' m'a converti
La fine bouche
Et je suis tombé tout chaud, tout rôti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle
sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup quand elle est
furie
Qu'elle est méchante
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui fait Maman quand on la touche
Je subis sa loi, je file tout doux
Sous son empire
Bien qu'ell' soit jalouse au-delà de
tout
Et même pire
Un' jolie pervenche qui m'avait paru
Plus jolie qu'elle
Un' jolie pervenche un jour en mourut
A coup d'ombrelle
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui fait Maman quand on la touche
Tous les somnambules, tous les mages
m'ont
Dit sans malice
Qu'en ses bras en croix, je subirais
mon
Dernier supplice
Il en est de pir's il en est d'meilleures
Mais à tout prendre
Qu'on se pende ici, qu'on se pende
ailleurs
S'il faut se pendre
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un'
poupée
Qui fait Maman quand on la touche
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La princesse et le croque-notes (Georges Brassens)
Jadis, au lieu du jardin que voici,
C'était la zone et tout ce qui s'ensuit,
Des masures des taudis insolites,
Des ruines pas romaines pour un sou.
Quant à la faune habitant la dessous
C'était la fine fleur c'était l'élite.
La fine fleur, l'élite du pavé.
Des besogneux des gueux des
réprouvés,
Des mendiants rivalisant de tares,
Des chevaux de retour des propres à
rien,
Ainsi qu'un croque-note, un musicien,
Une épave accrochée à sa guitare.
Adoptée par ce beau monde attendri,
Une petite fée avait fleuri
Au milieu de toute cette bassesse.
Comme on l'avait trouvée près du
ruisseau,
Abandonnée en un somptueux
berceau,
A tout hasard on l'appelait "princesse".
Or, un soir, Dieu du ciel, protégez
nous!
La voila qui monte sur les genoux
Du croque-note et doucement
soupire,
En rougissant quand même un petit
peu:
"C'est toi que j'aime et si tu veux tu
peux
M'embrasser sur la bouche et même
pire ..."
"- Tout beau, princesse arrête un peu
ton tir,
J'ai pas tellement l'étoffe du satyre',
Tu a treize ans, j'en ai trente qui
sonnent,
Grosse différence et je ne suis pas
chaud
Pour tâter d'la paille humide du cachot
...
- Mais croque-notes,j'dirais rien à
personne ..."
- N'insiste pas fit-il d'un ton railleur,
D'abord tu n'es pas mon genre et
d'ailleurs
Mon cœur est déjà pris par une
grande ..."
Alors princesse est partie en courant,
Alors princesse est partie en pleurant,
Chagrine qu'on ait boudé son
offrande.
Y a pas eu détournement de mineure,
Le croque-note au matin, de bonne
heure,
A l'anglaise a filé dans la charrette
Des chiffonniers en grattant sa guitare.
Passant par là quelques vingt ans plus
tard,
Il a le sentiment qu'il le regrette.
11
La Bohème (Charles Aznavour)
Je vous parle d'un temps,
Que les moins de vingt ans,
Ne peuvent pas connaître,
Montmartre en ce temps là,
Accrochait ses lilas,
Jusque sous nos fenêtres,
Et si l'humble garni,
Qui nous servait de lit,
Ne payait pas de mine,
C'est là qu'on s'est connu,
Moi qui criait famine et toi,
Qui posait nue,
La Bohème, la Bohème,
Ca voulait dire, on est heureux,
La Bohème, la Bohème,
Nous ne mangions,
Qu'un jour sur deux.
Dans les cafés voisins,
Nous étions quelques uns,
Qui attendions la gloire,
Et bien que miséreux,
Avec le ventre creux,
Nous ne cessions d'y croire,
Et quand quelques bistrots,
Contre un bon repas chaud,
Nous prenaient une toile,
Nous récitions des vers,
Groupés autour du poêle,
En oubliant l'hiver.
La Bohème, la Bohème,
Ca voulait dire,
Tu es jolie,
La Bohème, la Bohème,
Et nous avions tous du génie.
Souvent il m'arrivait,
Devant mon chevalet,
De passer des nuits blanches,
Retouchant le dessin,
De la ligne d'un sein,
Du galbe d'une hanche,
Et ce n'est qu'au matin,
L'on s'asseyait enfin,
Devant un café crème,
Épuisés, mais ravis,
Faut-il bien que l'on s'aime,
Et que l'on aime la vie.
La Bohème, la Bohème,
Ca voulait dire, on a vingt ans,
La Bohème, la Bohème,
Et nous vivions de l'air du temps.
Quant au hasard des jours,
Je m'en vais faire un tour,
A mon ancienne adresse,
Je ne reconnais plus,
Ni les murs, ni les rues,
Qu'y ont vus ma jeunesse,
En haut d'un escalier,
Je cherche l'atelier dont plus rien ne
subsiste,
Dans son nouveau décor,
Montmartre semble triste,
Et les lilas sont morts.
La Bohème, la Bohème,
On était jeunes,
On était fous,
La Bohème, la Bohème,
Ca ne veut plus rien dire du tout.
12
La Montagne (Jean Ferrat)
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Deux chèvres et puis quelques
moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou
fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
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La Solitude (Barbara)
Je l'ai trouvée devant ma porte,
Un soir, que je rentrais chez moi.
Partout, elle me fait escorte.
Elle est revenue, elle est là,
La renifleuse des amours mortes.
Elle m'a suivie, pas à pas.
La garce, que le Diable l'emporte !
Elle est revenue, elle est là
Avec sa gueule de carême
Avec ses larges yeux cernés,
Elle nous fait le cœur à la traîne,
Elle nous fait le cœur à pleurer,
Elle nous fait des matins blêmes
Et de longues nuits désolées.
La garce ! Elle nous ferait même
L'hiver au plein cœur de l'été.
Dans ta triste robe de moire
Avec tes cheveux mal peignés,
T'as la mine du désespoir,
Tu n'es pas belle à regarder.
Allez, va t-en porter ailleurs
Ta triste gueule de l'ennui.
Je n'ai pas le goût du malheur.
Va t-en voir ailleurs si j'y suis !
Je veux encore rouler des hanches,
Je veux me saouler de printemps,
Je veux m'en payer, des nuits
blanches,
A cœur qui bat, à cœur battant.
Avant que sonne l'heure blême
Et jusqu'à mon souffle dernier,
Je veux encore dire "je t'aime" et
vouloir mourir d'aimer.
Elle a dit : « Ouvre-moi ta porte »
Je t'avais suivie pas à pas.
Je sais que tes amours sont mortes.
Je suis revenue, me voilà.
Ils t'ont récité leurs poèmes,
Tes beaux messieurs, tes beaux
enfants,
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine.
Eh ! bien, c'est fini, maintenant."
Depuis, elle me fait des nuits
blanches.
Elle s'est pendue à mon cou,
Elle s’est accrochée à mes hanches
Elle s'est enroulée à mes genoux.
Partout, elle me fait escorte
Et elle me suit, pas à pas.
Elle m'attend devant ma porte.
Elle est revenue, elle est là,
La solitude, la solitude...
14
Les marchés de Provence (Gilbert Bécaud)
Il y a tout au long des marchés de
Provence
Qui sentent, le matin, la mer et le Midi
Des parfums de fenouil, melons et
céleris
Avec dans leur milieu, quelques
gosses qui dansent
Voyageur de la nuit, moi qui en
ribambelle
Ai franchi des pays que je ne voyais
pas
J'ai hâte au point du jour de trouver
sur mes pas
Ce monde émerveillé qui rit et qui
s'interpelle
Le matin au marché
Voici pour cent francs du thym de la
garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau
de pêches
Ou bien d'abricots ?
Voici l'estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de
lavande
Ou bien quelques œillets ?
Et par dessus tout ça on vous donne
en étrenne
L'accent qui se promène et qui n'en
finit pas
Mais il y a, tout au long des marchés
de Provence
Tant de filles jolies, tant de filles jolies
Qu'au milieu des fenouils, melons et
céleris
J'ai bien de temps en temps quelques
idées qui dansent
Voyageur de la nuit, moi qui en
ribambelle
Ai croisé des regards que je ne voyais
pas
J'ai hâte au point du jour de trouver
sur mes pas
Ces filles du soleil qui rient et qui
m'appellent
Le matin au marché
Voici pour cent francs du thym de la
garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau
de pêches
Ou bien d'abricots ?
Voici l'estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de
lavande
Ou bien quelques œillets ?
Et par dessus tout ça on vous donne
en étrenne
L'accent qui se promène et qui n'en
finit pas
15
Mon enfance (Jacques Brel)
Mon enfance passa
De grisailles en silences
De fausses révérences
En manque de batailles
L'hiver j'étais au ventre
De la grande maison
Qui avait jeté l'ancre
Au nord parmi les joncs
L'été à moitié nu
Mais tout à fait modeste
Je devenais indien
Pourtant déjà certain
Que mes oncles repus
M'avaient volé le Far West
Mon enfance passa
Les femmes aux cuisines
Où je rêvais de Chine
Vieillissaient en repas
Les hommes au fromage
S'enveloppaient de tabac
Flamands taiseux et sages
Et ne me savaient pas
Moi qui toutes les nuits
Agenouillé pour rien
Arpégeais mon chagrin
Au pied du trop grand lit
Je voulais prendre un train
Que je n'ai jamais pris
Mon enfance passa De servante en servante Je m'étonnais déjà Qu'elles ne fussent point plantes Je m'étonnais encore De ces ronds de famille Flânant de mort en mort Et que le deuil habille Je m'étonnais surtout D'être de ce troupeau Qui m'apprenait à pleurer Que je connaissais trop J'avais L'œil du berger Mais le cœur de l'agneau Mon enfance éclata Ce fut l'adolescence Et le mur du silence Un matin se brisa Ce fut la première fleur Et la première fille La première gentille Et la première peur Je volais je le jure Je jure que je volais Mon cœur ouvrait les bras Je n'étais plus barbare Et la guerre arriva Et nous voilà ce soir.
16
Le quotidien (Georges Moustaki)
Parfois je ne sais pas ce qu'il
m'arrive
je noie la poésie dans l'alcool
je ne sais pas lequel des deux
m'enivre
et pour finir je parle de football
*Et lorsque j'en ai marre
je gratte ma guitare (Bis)
Tous les matins j'avale un café
crème
en lisant des journaux remplis de
sang
mais le regard d'un enfant me
ramène
dans un monde meilleur et
innocent
*refrain
Le samedi on boit quelques
bouteilles
ça fait passer l'amertume et le
temps
tant pis si le dimanche on se
réveille
avec les mêmes problèmes qu'avant
*refrain
Nous jouons au tiercé avec ma
femme
un jour on finira par le toucher
ensemble on rêve et ça réchauffe
l'âme
de penser au jour oú tout va
changer
*refrain
Parfois lorsque mon esprit
vagabonde
j'essaie de croire qu'il y a un bon
Dieu
je lui dis pourquoi as tu fait le
monde
si c'est pour le détruire peu à peu
*refrain
17
La vie en noir (Claude Nougaro)
Y en a qui voient la vie en rose
Moi y en a voir la vie en noir
Est-ce le monde, une overdose
D'horreurs diverses, de désespoirs?
Ou bien les fêtes d'une névrose
Dès le départ, va-t'en savoir...
Y en a qui voient la vie en rose
Moi y en a voir la vie en noir
Y en a qui nagent dans l'eau de rose
Chacun sa bulle dans l'aquarium
Chacun de nous cherche sa cause
Sa religion, son opium
J'ai cherché des métamorphoses,
Des alambics trop biscornus
Je voulais voir la vie en rose
Et c'est en noir que je l'ai vue
J'appartiens aux inguérissables
Aux affamés d'un abreuvoir
Où parmi les dunes de sable
On boit l'étoile jusqu'à plus soif
Le noir ça va bien aux étoiles
Les araignées de l'Éternel
Y en a qui voit la vie en rose
Moi c'est en noir, au septième ciel
Le noir ça va bien aux étoiles
Les araignées de l'Éternel
Y en a qui voit la vie en rose
Moi c'est en noir, au septième ciel
18
Organiza: Patrocina:
Concejalía de Cultura
Excmo Ayuntamiento de Laredo