Lepra en Colombia

8/18/2019 Lepra en Colombia

1/30

SÉROTHÉRAPIE

DE

L LÈPRE

COMMUNIC TIONS

SUR L S TR

V

UX

U

Dr JUAN DE D I 5 CAD B ASQUILLA

L

. - - .

S97

.

BOGOTA COLOlIBJA)

Calle

11

n Îtmel o 7

0

ol,a? lado

100


2/30

COMMUNIC TIONS

Bur l'emploi d un procédé é r o t b é r p i q u e appliqué au traitement

de

la

lèpre, f

aites l

l'Académie Nationale

de

Médeolne

de

Bo-

gota (Colombie),

por

1\1. le Dr. D. Juan de D. Carrasqullla

L.

Séallce du 30 a 1?t I89S .

Monsieur le Président:

J'ai

l honneur

de soumettre à l honorable

Académie, qu après la conférence que j'ai faite

sur

la

sérothtrapie

il la

Policlinique de Bogota

(l

. Juillet, r895), conférence dans laquelle

j'ai pris la liberté d engager les médecins à es-

sayer la médication

s ~ r o t h é r a p i q u e

dans le

trait

emen t de la lèpre, des expériences se sont

établies sous ma direction.

N ayant

qu une

présomption fondée sur la

ressemblance de la lèpre avec

ks

autres mala-

clics infectieuses contre lesquelles

on

a appliqué

dernièrement en

Europe

cette médication,

comme

la syphilis, la tuberculose, etc

.

et

com-

me la

culture du

bacillus de la lèpre ne

peut

se

faire, je me suis

proposé

d'appl i9uer la métho-

de suivie par le

r o f e ~ s e u r

Ch. Richet pour le

traitement cie la syphilis, maladie dont le mi-

crobe n a pas pu non plus être cultivé.

On

a

donc

fait

une

saignée

à

un

lépreux, et

avec le sérum du

sang

retiré

on

a inoculé d'a-

bord

un

chevreau et ensuite

un

cheval. Au.

bout

de

quelques

jours,

on

a

pratiqué

chez'


3/30

ces animaux une saignée à la jugulaire,

et on

a

pris

le

séùùn

, que Ton

mit

dans des petits fla-

cons

bien

bouchés

et à l'abri

de

l

lumière.

Dans

toutes ces

opération

on observait les

pl us rigoureuses prescriptions d'asepsie pour

éviter

toute

infection.

Avant d appliquer au

malade

le sérum ain-

si pre paré, on en

fit

l'essai sur un cobaye, afin

de

s'

assurer qu il ne

contenait

aucune

substan-

ce septique

étrangère

pouvant compromettre

la marche régulière de l'expérience. Cette pré-

caution une fois prise, on a commencé le trai-

tement

d un malade atteint de lèpre nerveuse

( l'ob

servation

de ce cas, avec

tous

les détails

offrant

quelque

intérêt, a été réle\ ée avec

soin

et sera présentée l l'Académie dans

un autre

rapport) en faisant une injection hypodermi-

que

d un demi

centimètre cube,

en augmen-

tant succ

essivement

la close jusqu à arri\'er,

'aù

but

d environ L ll mois, à inj ecter

2

centi-

mètres cubes.

l i y a eu quelques interruptions dans le

trattement, p o ~ r des circonstances inévitabl

es

et indépendarites de la volonté. Le traitement

ju

squ aujourd hui a

donn

é les

résultats

vants:

1.0

~

l o r t i o n des

tache

s, et

particulière-

ment

ie

celles qui

se

trom ent

le

plus

rappro-

chées

du point où l on a fait les injections.


4/30

2.° l ~ é t b l i s s e m e n t de la sensibilité clans les

endroits

occupés auparavant par

des taches

anesthésiques

.

3.

·

État

général du

malade

considérable

ment

amélioré, malgré la réaction qui j eu lieu

parfois .

Je voudrais bien connaître l opinion

cie

1 Académie

sur

la mHhode

que

j ai enwloyée,

et j écouterai ayec la plus grande déférence les

indications

que

l on puisse me faire; fe

m y

soumettrai ponr

chercher constater

expéri

mentalement la

théorie qui

m a porté i

faire

cet essai.

Je

me

proposais

d abord,

si ce m o y e ~ l

ne

donnait

aucun

résultat satisfaisant,

d employer

le

p r o c ~ c 1 t

sui\ i clans

l

sérothérapie du cancer

c est-iL-dire,

tritur

er la

substance

des lépromes

dans

de l eau distillée, filtrer la liqueur et l inocu

ler aux

animaux

ponr

employer

ensuite leur

sér

um dan

s le

traitement

des malades.

le désirerais

que

l Académie

m éclairlt sur

cc 1 ~ l i l 1 t , qu elle m inc1iqnùt si je dois essayer

cet autre moyen, ou s il est préférable d a

dop-

ter l premier, ljui est plus simple

et

peut-être

moins n g ~

r e u x

et qui, à

juger

par les heureu-

ses manifestations obtenl1ts clans l expérience,

promet

cles

bons

résultats et n a

occasionné

au

clin

accident

grave.


5/30

(Séallce dll 1Iovembre 1895 .

Monsieur

le

Président:

J ai

l'honneur d'informer aujourd'hui

l ho-

norab

le Académie que, poursuivant mes expé-

riences

sur

l application de la sérothérapie au

traitement

de la lèpre grecque, j ai déjà

eu

Cette communication

fut

ndressêe

à

pluslears

journaux étrangers, avec \ suivante

nc te

du Secré·

taire p e f : ~ é t u e l de l'Académie:

République

d6

Colombie.-Académie Nationale de

Médecme.

Le Secrétaire perpétuel

à

M. le Directeur de

.•

Bogota, (Colombie) le 25 Novembre, 1895.

Monsieur et très honnoré confrère:

J'ai l honneur de vous remettre une communication

que

M.

le Dr.

Juan

de Dios Carrssl)uilla L . n faite rll Acn-

démie Nationale de Médecine cie Bogotâ (RépUblique de

Colombie), le 22 Novembre passé

sur

l emploi de la

sé

ro-

tltérnpie dans le traitement ds la lèpre grecque.

Cette commu-

nication est le complément de celle que le susnommé Dr.

Carrasquî11a

l

fuite sur le m m ~ thème

à

l Académie dans'

sa séance du 30

An vou-

loir donner compte de cette communication dans votre es-

timable journal.

Je VOU3 prierai aussi de faire connaitre

dans vôtre publicat;on que

le

Dr

•

uan de D i o ~ Carras-

quilla

L.

'a é é l'initiateur de ce trnitem>n t entre nous et

le premier qui a préparé et employé le sé

um

aDtilépreux.

Ainsi l a déclaré unanimement l Acad

émi(

Nationale de

Médecine dans sa séa::ce solennel

ùu

22 . iovembre der·

nier.

A ~ r é e z

M.

le Directeur, l expression de mes sentiments

les plus cespectueux,

Du,

PABLO

GARciA MEDINA,

Secrétaire

perp

é

tuel.


6/30

l occasion d o bsen er les effets

dans

la forme

tubercu leuse; dans ma

communication

précéden-

te

(séance du 30

août

dernier), je n ai pu que

mentionner

ceux

de

la médication

dans

la for-

me nerveuse.

Sur

un malade atteint de lèpre

tuberculeu·

se, à

un

e période très avancée, on a commencé

la médication le 30

septembre de

cette

année

.

Ce jour là, il avait le front couvert

d une

masse

tuberculeuse

léprollle

e L

Happe

Le/

oir)

s éten-

dant de l arcade superci liaire,

dont

la peau était

dépourvue de

ci

ls jusque près de la naissance

des cheveux et de

l une

à l autre tempe; de

nombreux

tub

ercules étaient disséminés ur les

joues, le

menton,

les paupières supérieures, le

oreilles, le nez, en un mot : sur toute la face,

sauf les tempes, le tour du cuir chevelu et les

paupières inférieures. Lépromes Suppurés aux

extrémités,

grandes

taches sur tout le corp ,

œdèmes durs, insensibilité

sur

presque toute la

peau, etc.

Les masses tuberculeuses, très proéminen-

tes, de cou leur rouge foncée, livide, présentè-

rent, dès la première semaine du traitement,

une

desquamation qui, lorsque les croûtes tom-

bèrent, laissa les tubercules ap lanis et

d une

co-

leur j

aune

sale d ocre; plusieurs tubercules iso-

lés disparurent par résorption ou par desqua-

mation de la peau, laissant le pli formé par la


7/30

-

peau, ce qui pouvait faire croire qu ils existaient

encore ; mais,

en

passant la

main,

on

ne

sentait

aucune proéminence

sous la peau. Aujourd hui,

elle est lisse, sensible et décolorée.

Les nombreuses ulcérations, grandes, pro-

fondes, à

bord

épais, à fond insensible ct

d une

coloration

rouge

vif, commencèrent dès lors

suppurer abondamment

et l cicatriser ayec

une

rapidité

surprenante; beaucoup sont déjà

couvertes

d une

peau saine, qui contraste nota

blement avec celle

du

corps, li,·ide et rugueuse

autour de la cicatrisation;

l

n'en reste

guère

que cinq, très petites, en yoie de

cicatri:ation,

dont les bords se sont mis

presque

au niyeall

du fond,

et

je crois

qu avant un

m o i ~

elles se

ront

toutes

cicatrisées.

Le

jour où je ,·isitai le

malade pour me charger du traitement, en en

levant la charpie des ulcères, l s'y prenait de

telle façon, que le

sang

coulait

en

abondance,

et des

portions

des bords se détachaient. L'im

.pression

d horreur

que me

causa cette sCl:ne,

m obligea à lui dire: 1 Pourquoi faites-youS

cela?" Sa réponse fut: l i Je ne sens rien; cela

ne me fait pas de ma ." Aujourd hui, l traite tout

autrement ses ulcères, parce qu'ils lui font de

mal, et l emploie toutes les précautions

pour

éyiter la

douleur

.

Aux oreilles, énormément accrues, pleines

de tubercuJe's, livides,

l

s'est produit une ré-


8/30

traction

considérable;

l

grandeur

du

lobe a

beaucoup diminué, la peau s'est décolorée, et

on

peut à peine voir

quelques

tubercules,

très

petits

et

aplanis comme des lentilles. Une des

oreilles avait un léprome suppuré, qui contri-

buait à lui

donner

un aspect

horrible; aujour-

d'hui, cette ulcération est couverte de peau sai

ne, lisse, clouce et de meilleur aspect

que

le res

te

de l'oreille. .

Sur

les cieux narines, il y


9/30

- 1

Les œdèmes durs

o; t progr

essivem

ent

dis

paru ; ils n existent pres

que

plus

que

s

ur

une

partie

de l avant-bras et de la ja

mh

e, où il y a

des ulcérations. Dans les mêmes parties, l in

sensibilité subsiste, mais

non

pas absolue.

Sur les muqueuses, il s es t produit des modi

ficatio ns non moins impo rta ntes. Les co njo nc

tives enflammées, le bord libre des paupi ères

inférieures c

o

uve

rt

de petits

tub

erc

ul

es co

mm

e

des têtes d épingle, le larmoieme

nt

incessant,

l

insensibilité, étaient les principa les lésions que

l o n observait aux yeux. T out ~ disparu en

quinze jours de traitement; la co njonc tive n es t

p lus en

flamm

ée, les tubercules n exi stent plus,

le la

rm

oieme

nt

a cessé, la vis ion se fa it n

or

ma

lement; on ne rem

arqu

e qu e

l

absence des cils,

ma

is déjà ils co mme ncent à paraître, et le bord

libre de la paupière n off re ni rouge

ur

ni d au

tre lésion que la dépress ion des p

oi

nts antérieu

re

ment occupés par les tubercules.

Sur

la muqueuse du z ~ presq ue saine, 1 01

fact ion s e t rétablie; le malade lui-même assu

re

qu e ll

e étai t p

erdue

depu is le

comme

n

cement

de la maladie; il me

pr

évint avec stupéfa ction

q u il avait senti

l

odeur d un parfum le 27 oc

t

ob

re, c es

t-

à-dire, ava nt un

mo

is de

tr

aitement.

Po

ur vérifier cette o bserva

ti

on, j a

ppr

ochai de

son nez, l une après l autre, diverses fle urs, et,

les yeux bandés, il me nomma chacun e d e lles.


10/30

Le voile du palais, les amygdales, la luette,

presque

toute

l

muqueuse des voies respira-

toires accesible à l observation, étaient le siége

de tubercules

et d ulcérations; la voix éteinte,

presque imperc

eptible. Les tubercules ont dis-

parn presque tous; les ulcérations, non; mais

elles

sont en

voie de cicatrisation, et

diminuent

chaque jour. L:l voix s est

beaucoup

améliorée,

mais elle est

encore

très basse

et

rauque.

Une

des amygdales était presque détruite; l autre a

un ulcère profond

qui

va se guérissant; la luette,

presque rong

ée

par

les ulcérations, se conser-

ve, quoique très petite. Je crois que la

phona-

tion se rétablira comme s e·t rétablie l olfac-

tion, parce que le mal n a pas été assez pro-

fond pour rendre impossible le rétablissement

de la voix, et l aspec t de toutes les parties va se

modifiant, de telle manière, qu il n est pas té-

méraire d espéi er le prompt rétablissement de

cette fonction.

Sur

les

m u q u e u s e ~

comme

sur

l peau, j ai

observé une augmentation très notable de sé-

crétion,

surtout dans

les

bronches,

a\ ec cha,

que nouv

elle dose

du médicament.

Mai l ac-

tion a été plus lente

sur

cet épithélium que

sur la peau, qui ré

èle dès le premier moment

l effet de l inoculatio n par des modifications

appréciables

dans

la coloration, . l épaisseur, les


11/30

-

2

s

é

c

r

é

t

i

o

n

s

,

e

t

c

.

;

d

e

s

s

u

e

u

r

s

p

r

o

f

u

s

e

s

s

e

s

o

n

t

m

o

n

t

r

é

e

s

p

e

n

d

a

n

t

l

a

n

u

i

t

;

a

u

p

a

r

a

v

a

n

t

,

il

n

e

s

u

a

i

t

j

a

m

a

i

s

.

L

a

f

a

c

e

l

é

o

n

in

e

,

g

o

n

f

l

é

e

,

r

o

u

g

e

,

e

s

t

d

e

v

e

n

u

e

s

è

c

h

e

,

p

l

i

s

s

é

e

,

p

â

le

;

à

l

p

l

a

c

e

d

è

S

m

a

s

s

e

s

t

u

b

e

r

c

u

l

e

u

s

e

s

,

i

l

y

a

d

e

s

t

a

c

h

e

s

j

a

u

n

â

t

r

e

s

.

L

e

m

a

l

a

d

e

a

b

o

n

a

p

p

é

ti

t

e

t

d

o

r

t

t

o

u

t

e

l

n

u

i

t

,

s

a

n

s

é

p

r

o

u

v

e

r

a

u

c

u

n

e

s

o

u

f

f

r

a

n

c

e

a

u

r

é

v

e

il

,

m

a

i

s

d

u

h

i

e

n

-

ê

tr

e

.

I

l

m

a

s

s

u

re

q

u

a

\

a

n

t

il

passa it les

n

u

it

s

à

s

e

p

r

o

m

e

n

e

r

d

a

n

s

u

n

c

o

u

l

o

i

r

,

s

a

n

s

p

o

u

v

o

i

r

o

b

t

e

n

i

r

l

e

s

o

m

m

e

i

l

,

j

u

s

q

u

à

c

e

q

u

i

l

s

u

c

c

o

m

b

a

i

t

à

la

f

a

t

i

g

u

e

e

t

a

u

x

p

l

u

s

a

tr

o

c

e

s

s

o

u

ff

r

a

n

c

e

s

.

C

h

e

z

u

n

a

u

t

r

e

m

a

la

d

e

,

é

g

a

l

e

m

e

n

t

a

t

t

e

i

n

t

cI

e

l

a

forme

tubercu leuse ,

on

a

observé

la d ispari

t

io

n

d

e

l

œ

d

è

m

e

d

e

s

ja

m

b

e

s

e

t

d

e

s

p

i

e

d

s

,

d

e

s

a

v

a

n

t

-

b

r

a

s

e

t

d

e

s

m

a

i

n

s

,

a

i

n

s

i

q

u

e

d

e

l

f

a

c

e

,

;

l

\

e

c

u

n

e

te

ll

e

r

a

p

i

d

i

t

é

,

q

u

i

l

n

e

x

i

s

t

a

i

t

p

lu

s

l

e

c

i

n

q

u

i

è

m

e

j

o

u

r

s

.

J

\

a

i

s

c

e

q

u

i

a

p

p

e

l

a

s

u

r

t

o

u

t

m

o

n

a

t

t

e

n

t

io

n

,

c

e

s

t

q

u

e

l

e

s

t

u

b

e

r

c

u

le

s

,

a

ll

l

i

e

u

de d ispara ître

par

ré so rp tion ou

desquamation,

c

o

m

m

e

d

a

n

s

l

e

c

a

s

p

r

é

c

é

d

e

n

t

,

s

a

m

o

l

l

ir

e

n

t

,

s

e

r

e

m

p

li

r

e

n

t

d

e

p

u

s

,

f

o

r

m

è r

e

n

t

d

e

s

u

lc

é

r

a

t

i

o

n

s

a

u

x

p

o

in

t

s

o

ù

il

s

é

t

a

i

e

n

t

le

p

l

u

s

a

c

c

u

m

l

l

lé

s

,

s

u

p

p

u

r

è

r

e

n

t

a

b

o

n

d

a

m

m

e

n

t

e

t

e

n

t

r

è

r

e

n

t

e

n

c

i

c

a

t

r

is

a

t

i

o

n

,

q

u

i

s

e

d

i

s

t

i

n

g

u

e

p

a

r

l

a

p

e

a

u

s

a

i

n

e

contra tant

avec la

r

o

u

g

e

u

r

d

e

l

a

p

e

a

u

.e

n

v

i

r

o

n

n

a

n

t

e

.

L

e

s

œ

d

è

m

e

s

r

é

a

p

p

a

r

u

r

e

n

t

l

o

r

s

q

u

e

la


12/30

- 13 -

suppura ti on s établit, mais partirent de nôuveau.

La se nsibilité es t revenue, co mme dans tous

les cas traités

ju

s

qu

à ce jo

ur;

l

é

tat général

du

mal

ade

est

tr

ès sa tisfaisant, malgré les fortes

réactions qu il a subies.

Ch

ez un troisième malade avec tubercules,

mais avec prédomin ance de la form e nen ·e use

ou

tr

o

ph

o névrottque, les tubercules se so

nt

aplanis et o nt co

mm

encé

à

s éliminer cn lais

sa nt un e empreinte co mme dans le

pr

emier

cas.

L

::s

tache ; anest hésiq ues, décolorées, de

vie

nn

e

nt

se nsibles, et l un e d e lles a disparu

co

mplèt

ement,

se

ul

cas dans l

eq

uel ce la so it

arrivé,- en lais ia nt la peau parfaiteme

nt

sa ine.

Dan

s la quatri ème expé

ri

ence, le malade

n av ait que

qu

elques petits tubercules aux cou

des, au fr o

nt

et en

qu

elques autres parties, et

des œ dèmes du nez, des avant-bras, des jam.

bes, des pieds et des mains, avec insensibil ité

en beaucoup de points. Les

tub

ercules

on

t

présenté exactement les modifications du pre-·

mier cas ; de même pour les œ dèmes, les ta-

ches, etc.

Les autres cas

tr

aités é.taient de forme ner ·

veuse;

et

dan

s

tou

s,

on

a

ob

servé identiqqe

ment

la même cho

se

que

ce

qu

e j ai décrit

dans lpa


13/30

p

re

m

i

è

r

e

c

o

m

m

u

n

i

c

a

ti

o

n

,

d

e

s

o

r

t

e

q

u

e

j

e

n

a

i

r

ie

n

à

a

j

o

u

t

e

r

.

En

résumé, la séro thérap ie ,

dans

le tra ite -

m

e

n

t

d

e

l

a

l

è

p

r

e

,

p

r

o

d

u

i

t

l

e

s

m

o

d

i

f

i

c

a

t

i

o

n

s

s

u

i

-

v

a

n

t

e

s

:

1

.

0

E

l

le

r

é

t

a

b

l

i

t

la

s

e

n

s

i

b

il

i

t

é

p

l

u

s

o

u

m

o

i

n

s

r

a

p

i

d

e

m

e

n

t,

s

e

l

o

n

l

é

t

e

n

d

u

e

e

t

l

a

g

r

a

v

i

t

é

d

e

s

l

é

s

i

o

n

s

d

u

s

y

s

tè

m

e

n

e

r

v

e

u

x

p

é

r

i

p

h

é

r

i

q

u

e

;

2.°

Elle

déco lo re les taches,

sans

les effacer

t

o

ta

l

e

m

e

n

t

;

o

n

o

b

s

e

r

v

e

l

à

u

n

e

d

e

s

q

u

a

m

a

t

i

o

n

a

b

o

n

d

a

n

t

e

;

3

.°

E

l

l

e

f

a

i

t

d

i

s

p

a

r

a

i

t

r

e

le

s

œ

d

è

m

e

s

r

a

p

i

d

e

-

m

e

n

t

d

a

n

s

q

u

e

l

q

u

e

s

c

a

s

,

l

e

n

t

e

m

e

p

t

d

a

n

s

d

a

u

-

t

r

e

s

:

la

p

e

a

u

s

e

r

e

t

ir

e

,

s

e

p

l

is

s

e

e

t

r

e

v

i

e

n

t

à

s

o

n

dat

physio lo

g

i

q

u

e

q

u

a

n

d

l

œ

d

è

m

e

a

d

i

s

p

a

r

u

;

4

.

°

L

e

s

t

u

b

e

r

c

u

l

e

s

s

a

p

la

ti

s

s

e

n

t

,

s

a

m

o

l

li

s

-

s

e

n

t,

d

is

p

a

r

a

i

s

s

e

n

t

p

a

r

r

é

s

o

r

p

t

i

o

n

,

p

a

r

d

e

s

q

u

a

-

m

a

t

i

o

n

o

u

p

a

r

s

u

p

p

u

r

a

t

i

o

n

,

e

n

l

a

i

s

s

a

n

t

d

e

s

m

a

r

q

u

e

s

à

la

p

la

c

e

q

u

i

l

s

o

n

t

o

c

c

u

p

é

e

;

5

.

°

L

e

s

u

l

c

é

r

a

t

i

o

n

s

,

a

p

r

è

s

a

vo ir

suppuré

a

b

o

n

d

a

m

m

e

n

t,

c

i

c

a

t

r

i

s

e

n

t

a

v

e

c

u

n

e

r

a

p

i

d

i

té

m

e

n

e

i

l

l

e

u

s

e

e

t

l

a

i

s

s

e

n

t

l

a

p

e

a

u

s

a

in

e

;

6

.

L

e

s

c

i

c

a

t

r

i

c

e

s

d

a

n

c

i

e

n

s

l

é

p

r

o

m

e

s

s

u

p

p

u

-

r

é

s

p

â

li

s

s

e

n

t

e

t

t

e

n

d

e

n

t

à

s

e

n

i

v

e

l

e

r

a

v

e

c

l

a

p

e

a

u

q

u

i

l

e

s

e

n

t

o

u

r

e

;

7.° Les

muqueuses

u lcérées

commencent

à

c

i

c

a

t

ri

s

e

r

,

s

e

d

t

c

o

l

o

r

e

n

t

c

o

m

m

e

l

a

p

e

a

u

,

d

e

-

v

i

e

n

n

e

n

t

s

e

n

s

i

b

l

e

s

e

t

l

e

s

t

u

b

e

r

c

u

l

e

s

s

e

n

\

o

n

t

;


14/30

5

8.° En

même

temps que les œdèmes dis

paraissent ainsi que les tubercules, la face se

décolore, devient sèche

et

perd entièrement

l aspect l

éonin;

9.° L appétit revient, ainsi que le ommei l;

l esprit s égaie; le contentement remplace l aba

ttemen t profond, la dépression morale; l espé

rance perdue renaît;

1 Dès la première injection

cie

sérum,

l acti on 1110rbigène du bacille

cie

la lèpre cesse,

car,

c1ès

ce

jour

là,

on

ne voit

aucune

manifes

tation nouvelle

cie

la maladie. J ai traité jusqu à

présent 15 malades, et chez tous, sans excep

tion, j ai

o s e r v ~

ce fait, que je considère

com-

me

f

onda

mental et décisif, puisqu il révèle q ue

l agent méclicamenteux agit directement et in

médiatement sur la cause de

l

maladie, ce

que

vi

ent co nfirmer le rétablissement de la sensibi

lité. Le système nerveux périphérique est affec

té dans cette maladie; les lésions que l on ob

serve dépe

ndent

db

manque

d action nerveuse;

ce

ll

e-ci une fois rétablie, le reste disparaît peu

à peu.

Les résultats obtenus sont-ils suffisants pour

assurer que la lèpre a été guérie par le procédé

qu

j ai suivi? Je le creis. Les fait s do

nt

j ai été

témoin m

autorisent

à

ass

ur

er, sans hésitati

on,

que la lèpre est guérie par ce moyen. Je com-


15/30

- [

prends parfaitement la défiance

a ec

laquelle

sera

accueillie cette asertion,

car

je l'ai moi-mé

me éprouvée, et

il

m'a fallu suivre

jour

par

jour

les

surprenants

effets de la médication pOlir

acquérir la conviction que j'ai aujourd'hui: que

la maladie se guérit.

Le

docteur

Maragliano, professeur de la

Faculté de médecine de Gênes, disait dans la

très remarquable communication par

lui faite

au second Congrès français de

médecine inter

ne de Bordeaux, sur

la sérothérapie

dans la tu

herculose:

Je 'ais que toujours on accueille ayec dé

fiance

toute

annonce

d'un

nou eau traitem

ent

de la tuberculose, et qu'il faut être toujours

prêt à dissiper les préjugés de l'auditoire

quand on parle de cela. C'est une défiance assu

rément légitime. Combien de désillusions n'a

t-on pas éprouvées

Que

de

douloureuses

erreurs commises même par d'éminent

' sa

yants, trop pressés çle rendre un grand seryice

à

l'humanité

souffrante Cependant, cette tu

herculose peut se guérir, et dès maintenaHt, la

science a réduit à néant l'affirmation d'un

gran poète ital ien appelant cette maladie: le

mal

qui ne

pardonne

pas."

Le Dr.

Maragliano a présenté 8 cas de


16/30

- 7

tuberculeux traités par le sérum, et sur lesquels

il en a guéri 61.

Au sujet de la signification des résultats ob

tenus, il s'est exprimé ainsi':

l Doit-on considérer les résultats obtenus

comme de véritables guérisons? Je crois que

nous arriverons à nous entendre à cet égard.

La tuberculose est comme la syphilis: elle peut

rester latente

pendant

longtemps, puis reparaî

tre

pour

redevenir latente.

Un

tuberculeux,

bien que ne présentant aucun stigmate de la

maladie, ne peut jamais être considéré comme

absolument guéri, parce que nous voyons quel

quefois reparaître de nouvelles manifestations

du

mal,

même

après des années. Si

l on

se met

à discuter sur ce terrain, on tombe dans la mé

taphysique . Dans la tuberculose, de même que

dans la syphilis, noU pourrons,

pour

le mo

ment, l'onsidérer un malade comme guéri

quand

tous les symptômes auront disparu, et

quand

on aura tous les indices d un complet

rétablissement de la santé.

Appliquant à la lèpre ce que le savant pro

fesseur de Gênes dit de la tuberculose, je sou

tiens que la maladie est guérie

quand

le mala

de ne présente

aucun

des

phénomènes

palpa

bles de la maladie; quand

la sensibilité perdue

par

l'action

du

microbe

sur

le système nerveux


17/30

- 8

périphérique se rétablit; quand les œdèmes dis

paraissent en laissant la peau sèche, décolorée

et

fonctionnant

normalement; quand les tuber

cules, éliminés par résorption, desquamation

ou suppuration, n apparaissent plus comme

symptôme de la maladie;

quand

les ulcérations

se sont cicatrisées et on été remplacées par une

peau saine;

quand

les accès fébriles, précur

seurs

de nouvelles invasions de la maladie, ne

se présentent plus; quand la céphalée, qui tour

mente avec tant de ténacité les malades, ne se

manifeste plus; quand enfin, le malade a de

l appétit,

mange

et

dort

bien, a l esprit réjoui,

. la maladie est guérie.

Dans

la

prochaine

séance, je traiterai de la

manière d appliquer la médication, de la fixa

tion de la puissance antilépreuse du sérum,

-é tude que je fais en ce moment - et des mo

yens d éviter les accidents gui se présentent

d ordinaire pendant le traitement, et dus, soit

à

la médication

par

le sérum, soit

à

la méthode

hypodermique.

La

Médecine Bypode1 mique).


18/30

R PPORT

fait par le Docteur Pablo Garcia Medina

Il

la Semaine

Médicale de Paris sur R troisième communication

du

Docteur Carrasqllilla.

CDe

la 8 e 1 i a i n ~

j f,dicale

niimero 44, Septembre 2: 1896)

DE NOTRE CORRESPONDAN r

PAltTICULIER

Santafé de Bogotâ, le

13

Juillet 1896.

Dans

ma lettre du 25

Novembre

derni.er,

j envoyais a La Sauai le Médicale le compte-

rendu d une communication que venait pré-

senter M

le

docteur

D.

Juan de

Dios Carras-

quilla à l Académie Nationale de .médecine de

Colombie, sur la Sérothérapie

de

la

lèp

ye (voir

Setrtalne Médicale 1896, p. 12, 13)· A cette épo-

que, la rédaction de ce journal manifesta le

regret que notre confrère

n eût

pas

encore

fait

connaître

dans

ses détails sa manière de pro-

céder pour obtenir, préparer et employer le

sérum antilépreux; or,

dans

une nouvelle com-

munication

adressée le 24

Juin

dernier

à

l

même Societé, M. Carrasquilla a comblé cette

lacune, et je résume ici les principaux faits

exposés devant l Académie.


19/30

2

Lorsqu on veut appliquer au traitement de

la lèpre la métode sérothérapique, la première

opération consiste à

pratiquer

la saignée chez

un sujet lépreux.

D une

manière générale, il

convient de ne saigner que des adultes ne pré

sentant

aucun

symptôme

de misère physiologi.

que

ni de cachexie. Le plus souvent, M Ca

rrasquilla se borne à une seule phlébotomie;

dans

des cas exceptionnels, chez des individus

vigoureux, on peut ouvrir la veine à deux re

prises, separées par cinq jours d intervalle. Cet

te saignée n est pas faite, comme d aucuns l ont

pensé, dans un hut médical, pour préparer

en

quelque sorte

le

malade à l application de la

sérothérapie, mais

uniquement

en vue de re

cueillir le sérum

qui

sera injecté ultérieurement

au cheval.

Le

sérum

du sang de lépreux varie consi

dérablement d aspect, suivant les lésions obser

vées chez les patients; lorsque les ulcérations

sont

nombreuses,

que

la maladie offre

une

lon

gue durée, que les conditions hygiéniques et

climatologiques sont d é f a ~ o r a b l e s le

sérum

est

laitéux, parfois d une coloration verdâtre, et

il

présente une odeur ·sui g n ris absolument re

poussante; tandis que si le sujet se trouve dans

des meilleures conditions, le

sérum

est jaune,

limpide et inodore, et se conserve sans altéra-


20/30

- 21

tian, ce qui n a pas lieu dans le cas précédent.

En

outre,

chacun

de ces sérums injecté au che

val,

produit

des effets différents: avec le pre

mier, l animal, aussitôt après l injection, devient

triste, baisse la tête et donne des signes non

équivoques de souffrance; avec le second, à

égalité de circonstances, aucun de ces phéno

mènes ne se produit.

Le ,sang est reçu dans une éprouvette gra

duée ou dans un vase de verre

quelconque

dont

la capacité a été préalablement évaluée; éprou

vette ou vase doivent être soigneusement dés-

infectés.

Le volume du

sang

à

e x t r ~ d r e

varie entre

100 et 250 c. c. suivant l état des malades;

presque

tous

supportent bien une saignée de

25

0

c. c., et c est cette dernière C] uantité que

M. Carrasquilla a l habitude de tiret: de la veine

en une fois.

Le vase

dans

lequel

le

sang

a été recueilli

est

immédiatement

recouvert

d une

m ince cou

che d o u a t r ~

aseptique,

par

dessus laquelle on

applique un disque de verre plat. Le tout est

ensuite conservé à l abri de la lumière,

à UlJe

température de 2° il 15: Au

bout

de d o u ~ e

heures, ou de vingt-quatre au plus tard,

on

•

puise le sérum

à

l aide d une pipitte,

en ayant


21/30

-

bien

soin

de

ne pas agiter le

contenu

du vase,

puis

on

le

dépose

dans

des

flacons minutieuse

ment nettoyés,

après

l avoir fait passer à travers

une

couche

de camphre

pulvérisé comprise en

tre

deux couches

d ouatre pour

éviter qu il ne

s altère par la suite;

on

le garde ainsi en le pré

servant de la

lumière

et

de

la chaleur jusqu au

moment

de s en

servir.

Le séru m humain, ainsi preparé, est alors

injecté

à lin animat réfractaire à la lèpre. Après

avoir fait

un premier

essai sur lin chevreau, M.

Carrasquilla nE tarda pas à se

convaincre qu

e

le cheval est, de tous les animaux o m s t i q u

celui qui se

prête

le

mieux

à

ce

gen

·re d'expé

riences;

aussi

toutes

les injections ont-elles été

pratiquées sur des chevaux, sauf quelques

unes qui

ont été

faites à un

âne

et à des mu·

lets.

On

choisit

un cheval jeune, sain et

vigou

reux. Avant de procéder

à l injection,

qui

doit

être

faite de

préférence

sous la peau

de

ta ré

gion scapulaire,

on immobilise l animal

au

~

yen

de

l appareil de

contention

utilisé

dan

s €

but

à

l Institut Pasteur;

on rase,

on

sa

vonne

et ·

on

lave au

sublimé

la

partie

où

se

ra

pratiquée

l in

jection; enfin,

on

dési

nfecte

minutieuse

ment l seringue.


22/30

-

3

Il ya, dans l opération, deux points impor

tants qu iL n est malheureusement pas facile de

déterminer: la quantité de sérum qu il faut in-

jecter au cheval en une seule fois, et le laps de

temps qu on doit laisser s écouler entre deux

injections.

Pour ce qui est de la quantité de sérum à

injecter, la dose minima est de 15 cc., la dose

maxima de

ISO

cc.

La

première ne

provoque

aucune réaction, tandis que le cheval réagit

violemment à la

seconde: il

éprouve une soif

vive, perd rappétit, le poil se hérisse, la mar

che devient vacillante, la température s élève;

des abscès, des tuméfactions peuvent se pro

duire, qui

rendent pour

longtemps le cheval

inapte à fournir du sérum et à recevoir de nou

velles injections.

M

Carrasquilla a l habitude d injecter 15

cc. aux animaux de petite taille, 30 à ceux de

taille

moyenne

et

60

aux plus grands; puis il

laisse paser dix

jours

avant de faire une secon

de i n j e t i o n ~ et dix autres jours avant d en

pratiquer une troisième. Une nouvelle péri6de

de dix jours s étant écoulée, on saigne et on in.

jecte, puis, vingt

ou

trente jours après la pre

mière saignée,

11

en

fait une autre, et ainsi de

suite chaque mois.


23/30

-

4

.On saigne habituellement

l

cheval sur la

eine jugulaire, au niveau du tiers inférieur du

cou,

dans

la goutière située

entre

la trachée et

les muscles, au moyen d'une flamme ou d'un

trocart. Le sang, a sa sortie du vaisseau, est re·

cuelli d'une façon rigoureusement aseptique

dans un bocal stérilisé et préparé suivant la

méthode

de Nocard·Roux.

On peut tirer

de l

à 3 litres de

sang

par

saignée, se,lon la taille de

l animal.

Pour

préparer le sérum de cheval, on

pro-

cède exactement aux mêmes manipulations

que celles auxquelles on a recours pour le sé·

rum

humain,

en veillant

encore

avec plus de

soin, s possible, aux conditions d asepsie et de

conservation

du

liquide. Dans le but d assurer

cette dernière, le sérum est impregné de cam

phr.e par le procedé

susmentionné

. Les flacons

destinés à contenir le sérum ont

une

capacité

de

1

cc.;

une

fois pleins, on les ferme avec

un

bouchon

de cautchouc désinfecté, on les coiffe

d'une capsule, puis on les enveloppe dans

du

papier de

couleur

obscure.

M. Carrasquilla décrit ensuite le procédé

qu il emploie pour appliquer ce sérum aux sujets

atteints de lèpre. Le malade ayant été saigné

comme

l

a été

indiqué

plus ~ a u t on laisse pas·


24/30

-

S

sel cinq jours, puis on lui fait

une

première in

jection de sérum du cheval à la dose de

à

5

cc., suivant l âge du patient, la période de l a

ffection, etc. Avant de

pratiquer

cette premiè

re injection, le médecin doit, pendant les jours

qui précèdent, examiner soigneusement le ma-

lade, noter toutes les lésions qu il présente,

prendre

la température et compter le pouls

à

di

verses reprises, afin de pouvoir apprécier ulté

rieurement

les modifications qui se

produiront,

ainsi que l action physiologique

du

médica

ment

ou les réactions qu il provoquera.

Le lieu d élection

pour

l injection est l es

pace compris

entre

la crête iliaque et une ligne

transver

sa

le

passant au

dessous

du grand

trochanter,

ou

encore la région post-trochan

térienne.

L aiguille ne sera pas flambée, mais simple

ment lavée dans

une

solution antiseptique.

Dans

le cas

où

l on veut injecter

O

cc. de sé

rum, il est préférable de faire deux injections

de 5 cc. chacune,lune

grande

quantité

du

sérum

appliquée

en

une seule fois exposant le malade

à

la production de tumefactions, indurations

et même d abcès

très douloureux.

Pour

ce qui est de la

technique

employée

.par M. Carrasquilla, je ne m y arrêterai pas, car


25/30

- 6

c est celle qui est mise en œuvre par tous les

opérateurs

qui

se livraient à la

pratique

des

injections hypodermiques.

Une

précaution qui ne doit jamais oublier

de prendre

le

médecin avant de faire

une

in jec

tion, c est de s assurer que le

sérum

n a sou

ffert

aucune

altération . Un aspect trouble, une

couleur

opaline,

une odeur

d hydrogène

sulfu

ré, sont

autant

des signes d altération

du

liqui

de qui doivent en faire rejeter l emploi.

Pour

contrôler

la pureté du

sérum du

che

val, il est bon, lors de sa préparation, d en in

jecter à un lapin ou à un cochon

d Inde,

à la

dose de l cc. par kilogramme d animal; si ce

lui-ci ne présente à la suite de l injection au

cun phénomène

suspect, ont est

sùr qu on

ne

s expose pas à faire pénétrer une substance

toxique

dans

l organisme

humain

.

•

Il

convient

de ne pas dépasser cc.

pour

la première injection de

sérum

de cheval faite

à un lépreux; on augmentera

l

dose aux in

jections suivantes, en tâtant la susceptibilité

du malade.

Avant de procéder une nouvelle

piqùre,

on examinera l état de l circulation et de la

calorification: s il y a soit accélération

du

p u


26/30

ou

élévation de la température, soit ces deux.

choses à la fois, soit un

autre

signe

quelconque

de réaction,

on

s abstiendra de faire l injection

et on

attendra

pour

cela

que

le malade soit re

:venu à son état normal.

Lorsque la première piqûre hypodermique

n a produit aucune

réaction, ou que celle-ci a

cessé, on peut pratiquer la seconde injection

le troisième

jour

après la précédente, et ainsi

de suite

pour

la troisième, quatrième, etc. Ordi

nairement la réaction ne se manifeste qu après

la troisième ou l quatrième injection; excep

tionnellement elle se produit seulement après la

cinquième ou la sixième; enfin,

il

est de sujets

qui réagissent après la première ou la seconde

piqûre.

Chez tous les malades le sérum antilépreux

provoque des phénomènes de réaction qui

sont, les uns constants,

quoique

variables

en

intensité, auxquels

M

Carrasquilla

donne

le

nom de

réaction normale,

les autres accidentels,

dont l ensemble constitue la 1éaciion c c i d e n ~

telle.

La

réaction normale est caracterisée

par

une

sensation de froid, de l horripilation et des

frissons, qui se produisent de deux à six heures

après l injection, et dont la durée, aussi variable


27/30

- 8

que l intensité, est habituellement de deux heu

res; on note également de la soif,

du

malaise,

de l ansiété, des lipothymies, de la céphalalgie

occipitale et du refroidissement des extrémi

tés. Le malade passe alors dans le second sta

de de réaction ou stade de chaleur, mais sans

cesser d éprouver l horripilation et le frisson.

Le pouls atteint

l IO

12 battements par mi

nute; la température,

généralement

de 38°

à

39°, peut s élever, mais rarement, jusqu à 40°

et 41.° Vient ensuite le stade de sueur,

qui

ter

mine l accès de réaction. Celui-ci prend commu

nément fin dans la .nuit qui suit l injection

pour ne se reproduire dans la

plupart

des cas

qu

a

près une nouvelle injection.

Les réactions a.ccidentelles sont, par ordre

de fréquence: des myalgies et arthralgies très

douleureuses, généralisées ou localisées à cer

tains régions, des névralgies

du

crâne, de la

face, des bras et des

avant-bras,

affectant la

forme de douleurs fulgurantes et disparaissant

très vite sans le moindre traitement; des érup

tions diverses, nota.mment des plaques d urti

caire et des érythèmes

polymorphes

également

fugaces et sans gravité; enfin, l état asphyxique,

accident le plus sérieux, mais aussi le plus

rare.


28/30

-

9

Outre ces

symptômes

réactionels, l existe

des

accidents qui surviennent au

cours du traite

ment et relèvent pour

la

plupart

de la

métho-

de hypodermique elle-même (tuméfactions,

nodules indurés, abscès, etc.) . Il est inutile d y

insister, ces manifestations étant connues de

tous depuis l emploi

de

la sérothérapie.

Pour éviter les inconvénients de la méth o

de

hypodermique,

M. Carrasquilla a

adminis-

tré

à

un

malade,

par

la voie stomacale,

du sérum

antilépreux qu il donnait

à la dose

d environ

3

cc.

tous

les trois jours

pendant une semaine;

en

même temps

il faisait à

un sujet témoin

des

injections

hypodermiques

de cc.

aux mêmes

jours.

Le premier

malade

n eut

comme phéno-

mène réactionnel

qu un

peu

de

somnolence

après la

seconde

dose du médicament, tandis

que le témoin

présenta

la réaction normale dès

la première injection .

La

semaine suivante, la

dose de

sérum

ingéré par

le

premier

lépreux

fut portée à 5 cc.: la

réaction normale

se ma

nifesta aussitôt

et

se répéta le

jour

suivant

à

la

même heure

. Les lésions lépreuses offrirent des

modifications

analogues

à celles

que produisent

les injections,

et

furent

même

plus accentuées

que

chez

le suj et traité

par

la voie

hypodermi-

que. Mais

cet

essai étant le seul qui ait été ten-


29/30

- °

té par

M. CarrasquilIa, il faut d autres expérien

ces avant de pouvoir formuler des conclusions

précises.

Quant à l administration

du sérum

antilé

preux

par

la voie rectale,

notre

confrère ne l'a

pas

encore

essayée.

En même temps

qu on

o.bserve chez les

malades les phéno.mènes de réactio.n, c'est-à

dire, les effets physio.lo.giques

du

sérum, o.n vo.it

se pro.duire dans les lésio.ns lépreuses des mo.

dificatio.ns .qui révèlent l'actio.n thérapeutique

du mé

dicament.

Je ne reviendrai

pas

sur ces

mo.difications, qui o.nt été exp·o.sées to.ut au

long dans ma précédente

lettre. (Vo.ir Semaine

Médicale 1896, p.

12,

13 .

Qu'il me suffise d ajouter que despuis

cette

épo.=lue les m êmes phéno.mènes d'amélio.ratio.n

se so.at

invariablement

manifestés, s accentuant

mêm': , chaque fois davantage, chez to.us les lé

preux

(environ

une

centaine)

auxquels

M. Ca

rrasquiIIa a

appliqué la séro.thérapie.

es clair, to.utefo.is,

que

ces mo.dificatio.ns

ne s'o.btiennent pas

en

un jo.ur, et le médecin

ne

saurait se flatter d'amélio.rer d un seul coup un

o.rganisme

v o u ~

depuis vingt

o U

trente années

à la destructio.n. Il en est du reste de la

lèpre


30/30

- 3

comme

d autres affections telles que le cancer,

la tuberculose, etc .; lorsque les lésions sont

arrivées à un degré tel qu elles

sont

incompa

tibles avec la vie, la thérapeutiqu

e

quelle

gue

soit la médication employée, reste forcément

impuissante.

DR.

PABLO

GARciA

MEDINA

Secrétaire perpétuel de l Académie Nationale

ùe Médecine de Colombie.

Documents

Lepra en Colombia